Je ne peux m'empêcher de vous parler de cet article du
BMJ retrouvant, une fois de plus, l'association entre les cadeaux pharmaceutiques déclarés sur "
https://www.transparence.sante.gouv.fr" et des prescriptions de médecins généralistes moins adaptées et plus couteuses (moins de génériques, plus de benzodiazépines, plus de vasodilatateurs, moins d'IEC par rapport aux sartans etc...). C'est de l'observationnel, alors, est ce que les moins bonnes prescriptions poussent à se former avec l'industrie? Ou est ce que l'industrie entraine de moins bonnes prescriptions? Une étude à refaire dans 5 ans pour voir si l'industrie a réussi à faire prescrire plus de génériques et moins de benzodiazépines...
Cet
article s'est
intéressé aux conflits d'intérêt des auteurs des recommandations
européennes en cardiologie et retrouve que 80% d'entre eux ont un
conflit d'intérêt financier avec l'industrie pharmaceutique. De quoi se
questionner lorsque les recommandations s'éloignent des résultats des
études publiées !
Un article du
JAMA internal medicine a
étudié l'association entre les médecins recevant des avantages par les
labo et la prescription de statines non-générique. Un tiers des
médecins du Massachusetts avait reçu un financement par l'industrie
pharmaceutique. Pour les médecins non financés, la prescription de
statines en "princeps" était de 18%, et le financement par l'industrie
était associé à la prescription des "princeps". Les auteurs retrouvent
que par tranche de 1000$ reçus, les médecins augmentaient leur
prescription de 0.1%, ce qui semble dire que soit, les labo payent pour
pas grand chose, soit les médecins reçoivent vraiment beaucoup d'argent
des labos...
Impossible de ne pas introduire de Dragi Webdo autrement que par cet
article sur
les conflits d'intérêt dans les universités Françaises. Certains se
réjouissent que leur fac soit en première, deuxième ou même 3ème place
ex-aequo dans ce classement. Cependant, être premier avec un score de 5
sur 26, ou 3ème avec 1/26 , je trouve ça plutôt CATASTROPHIQUE! Il n'y
a, à mon avis aucune différence tangible avec les 28 autres fac (76%)
ayant un score à 0. Nous sommes encore loin des performances des
universités américaines sur ce point. Certains dirons qu'en France, les
étudiants ne payent pas 20 000 euros l'année, ce qui serait une rentré
d'argent pouvant éviter d'avoir recours à des financement
pharmaceutiques. Je répondrais que ce classement se base sur des mesure
prises ou citées dans le règlement des universités, et ne correspond pas
"au total reçu" par les universités (ce qui pourrait être un article
également intéressant d'ailleurs!)
L'autre article sur les conflits d'intérêt a déjà été suggéré par
Le Bruit des Sabots et replace la problématique de ces conflits et les enjeux pour la pratique et pour le patient. Il est disponible
ici.
Hors catégorie, je commencerai par parler d'un travail de thèse que j'ai découvert sur "Voix médicales".
Ce travail étudie l'influence de la presse médicale sur les
prescriptions des médecins. L'auteur a comparé les "Prescririens"
(lisant une revue indépendante) aux "non Prescririens" (lisant des
revues en partie financée par l'industrie pharmaceutique). Un travail
passionnant!
Qui
finance les études? On cherche à être le plus indépendant possible, à
lire des études fiables. Mais est-ce vraiment possible aujourd'hui.
Quand on lis
cet article du JAMA,
on voit que plus de 50% des financements des études proviennent de
laboratoires... Alors, bravo à ceux qui arrivent mener les leurs sans y
avoir recours! Continuez et merci!
En cette période de préparation de rentrée dans le nouveau DES des néo-internes, on peut lire que les groupes d'échanges et Balint sont d'excellents moyens d'apprentissage d'après le
JAMA Internal Medicine!
A l'approche de l'ECN et du choix des spécialités,
l'article quali de la semaine a interrogé des étudiant·es en médecine canadiens et britanniques au cours de
focus Groups sur
leur perception de la stimulation intellectuelle en médecine générale
dans l'idée de mieux comprendre pourquoi les postes de MG sont moins
choisis que ceux des autres spécialités. En faveur du choix de la
médecine générale, les participant·es ont évoqué la stimulation
intellectuelle obtenue grâce à la diversité des consultations et des
patient·es, le haut niveau de connaissances requis pour y faire face
ainsi que l'incertitude sur le déroulement de la journée. Ils ont évoqué
également les aménagements de carrière au cours du temps. A contrario,
certains participants ont décrit la MG comme une spécialité où on ferait
toujours la même chose, avec nécessité d'adresser aux spécialistes.
Cette image négative de la MG pourrait avoir été favorisée par l'image
renvoyée de ce métier par les enseignants au cours du cursus
universitaire initial, spécialité choisie par défaut. Les étudiants
interrogés n'ont pas associé la recherche avec la médecine générale,
réservée plutôt aux spécialistes ainsi qu'aux autres domaines
scientifiques avec des MG universitaires peu visibles pour les
étudiants, qui se retrouvent sans
role model. Cette étude apporte
quelques pistes pour comprendre ce qu'implique la perception de la
stimulation intellectuelle dans le choix de la spécialité, elle
mériterait d'être complétée par les autres aspects du métier par exemple
l'organisation des soins, la gestion administrative...
Une
revue systématique
a étudié la relation entre les auteurs avec liens d'intérêt et leur
participation à l'élaboration de recommandations, de rapports des
comités consultatifs, d'articles d'opinion ou de revues narratives. Elle
met en évidence que les auteurs avec liens d'intérêt produisent des
articles plus favorables aux traitements médicamenteux et dispositifs
médicaux que les auteurs sans liens d'intérêt. Voilà, ça va toujours
dans le même sens.
Une publication du
BMJ a
comparé l'efficacité des soins délivré par des internistes ayant validé
leurs études de médecine aux États-Unis, avec celle d'internistes ayant
validé à l'étranger. Le risque de décès à 30 jours était diminué
significativement de 5% pour les patients traités par des médecins
formés a l'étranger! Mais ce bénéfice avait un cout: près de 50$ de plus
par patient suite à la prise en charge de ces médecins. Cela ne veut
cependant pas dire qu'en dépensant plus, on peut améliorer la survie.
J'aurai été curieux de voir une analyse en sous groupe selon le pays de
formation...
De nombreux chefs universitaires se
rendent en congrès tout au long de l'année. Comment se portent les
services durant leur absence? Le JAMA a publié
une étude retrouvant
que la mortalité des patients hospitalisés en centre universitaire pour
insuffisance cardiaque et arrêt cardiaque était diminuée de 7% durant
les congrès de cardiologie. Il y avait également 7% de coronarographie
interventionnelle en moins chez les patients avec un syndrome coronaire
aiguë, sans conséquences sur la mortalité. Je ne sais pas trop ce qu'on
peut en conclure, chacun pourra se faire son opinion!
Aller, pour commencer parlons de cette
étude évaluant
une formation aux MG sur les prescriptions de PSA, le sur-traitement du
diabète et les ECBU inutiles n'a montré qu'une amélioration des
pratiques sur les prescriptions de PSA pendant la période
d'intervention. Après l'intervention, les MG reprenaient leurs pratiques
antérieures...
En parlant de congrès, un article du
BMJ a traité les divulgations d’informations par Tweets lors des congrès, ça parle de propriété intellectuelle etc… je vous laisse le lire !
Cette
étude française
revient sur l'épuisement professionnel des généralistes. On y retrouve
malheureusement des résultats semblables à la santé mentale des
étudiants en médecine... 44,8% des 1926 généralistes interrogés rentrent
dans la définition du burn out selon l'échelle de Maslach. Être maître
de stage et travailler en groupe (mais aussi réaliser des visites à
domicile) semblaient être des facteurs protecteurs tandis que travailler
plus de 50h par semaine ou plus de 28 consultations par jour des
facteurs favorisants. Prenez soin de vous !
Cette étude du
BMJ Open
retrouve que travailler plus de 48h par semaine augmente le risque
d'erreurs médicales et d'effets indésirables fatals évitables, quand
c'est plus de 60 heures, c'est pire et quand c'est sur des horaires
étendues (journée+ garde) c'est bien aussi. Bref, un jour les
politiciens comprendront que faire travailler plus les médecins c'est
pas une bonne idée, enfin, pas pour la population en tous cas...
Commençons en introduction avec une étude retrouvant
que la prescription d'opioïdes et d'antibiotiques par les médecins est
associée aux composantes de burnout : dépersonnalisation, fatigue
émotionnelle, insatisfaction au travail et aux horaires étendues de
travail. Bref, encore une fois, pour réduire les sur-prescriptions
inutiles voire dangereuse, il faut améliorer la qualité du travail des
médecins et pas leur demander de voir plus de patients...
Voici un commentaire publié dans le
BMJ concernant
le syndrome de l'imposteur chez les médecins. En quelque mots: "S'il y a
des jours où vous vous sentez comme un imposteur, ne vous inquiétez
pas, nous avons tous cette sensation"
Pour commencer, et pour tous les décideurs de soins qui passeraient par ici, cet article du JAMA internal medicine vient rappeler que le
burnout des soignant est associé à une augmentation des incidents durant les soins.
Voici un article du
BJGP parlant du burn-out des médecins généralistes qui serait plus fréquent chez les médecins ayant beaucoup de patients multimorbides. La prévalence de ces patients est en augmentation, et leur prise en charge est vraiment parasitée par des taches non médicales et administratives qui ne doivent pas aider... (ce qui est dommage parce qu'intellectuellement et humainement, ce sont des patients pour lesquels on a vraiment envie de s'investir!)
Le
Lancet a
publié une méta-analyse sur la prise en charge du burn-out des
médecins. L'étude retrouve que la plupart des interventions ont diminué
le burn-out et ses composantes de détresse émotionnelle et de
dépersonnalisation. Ces interventions sont cependant peu décrites, mais
on retrouve: des aménagements de poste, ateliers de gestion du stress,
des psychothérapies et méditation en pleine conscience.
Je parlais de la santé mentale des étudiants en médecine il y a peu, et voilà les résultats de l'étude sur la santé des étudiants et jeunes médecins.
25% des étudiants déclaraient avoir un état de santé mauvais et 14%
avaient déjà eu des idées suicidaires. Il semblerait que le 2ème cycle
soit le moment le plus difficile à passer. Concernant le travail, 65%
des internes travaillent plus de 40 heures par semaines. Les symptômes
de burn-out étaient présent chez plus de 2/3 des étudiants également,
notamment via l'épuisement émotionnel.
Avant de commencer dans les actualités "classiques", je voudrais parler
d'un article sur le burnout des étudiants en médecine. Plus de 4000
étudiants de 7 universités de médecine ont été suivis. L'article retrouve
que 50% des étudiants ont été en burn-out dans l'année et plus de 10%
avaient des idées suicidaires! Je doute que ce soit très différent en
France... Je ne suis pas "pro-syndicat", mais il faut reconnaitre qu'ils
ont vraiment un rôle à jouer dans l'avenir des étudiants!
Commençons avec un
article portant
sur les situations où les généralistes ont été trop lents pour adresser
des patients atteints de cancer vers le spécialiste, lors du
diagnostic. Dans cette étude qualitative, les 158 généralistes européens
interrogés ont expliqué ces retards de prise en charge par 1/ des
symptômes peu évocateurs 2/ des facteurs parasites ont réduit la
suspicion de cancer (difficultés relationnelles, symptômes attribués à
une anxiété ancienne) 2/ l'hésitation des patients qui a retardé le
diagnostic (oubli de réalisation d'un examen) 4/ les éléments
contextuels qui n'ont pas permis un diagnostic rapide (délai de RDV de
l'avis spécialisé). Malgré ces retards de prise en charge indépendants
des propositions des généralistes, les médecins avaient le sentiment
d'avoir fait une erreur dans la prise en charge.
Cet article
s'est intéressé au risque d'erreur de diagnostic médical chez les
médecins anglais par analyse rétrospective de 2100 dossiers. L'analyse
par les relecteurs indépendants a mis en évidence 4,3% d'erreurs
possibles ou confirmées, dont 72% qui résultaient de plusieurs
défaillances parmi anamnèse, examen clinique, prescription d'examens,
interprétation de résultats d'examens, suivi, et traçabilité. 37% de ces
erreurs ont été évaluées comme ayant eu un préjudice modéré pour le
patient (détresse physique ou psychologique, sans complication avec le
temps) à sévère (impact prolongé dans le temps incluant les
hospitalisations). Le plus souvent, les erreurs concernaient le système
génito-urinaire et la dermatologie puis venaient le système digestif et
l'endocrinologie.
Parlons maintenant des erreurs médicales évitables en médecine générale grâce à un article du BMJ Quality and Safety.
Cet article met en évidence une incidence de 35 préjudices probablement
évitables pour 100 000 patients par an (ça a l'air beaucoup), ce qui
correspond à 1,5% des préjudices (ça a l'air peu au final). Les
préjudices évitables étaient essentiellement liés à des erreurs dans le
diagnostic (mauvais ou retardé), puis à des erreurs thérapeutiques (pas
de traitement instauré, traitement insuffisant, erreurs de
prescription) et enfin à des erreurs d'orientation des patients.
Enfin, une étude portant
sur les fautes professionnelles en médecine a étudié différentes
spécialités en observant le nombre de plaintes reçues. Le taux de
plaintes allait de 1.6% par an pour les pédiatres à 4 % pour les
chirurgiens, sans surprise. Les médecins généralistes étaient juste
après les pédiatres avec 1.9%. Alors que le nombre de fautes ayant
entrainé une hospitalisation n'est pas le plus faible. Dans toutes les
spécialités, augmenter les dépenses médicales diminuait les plaintes,
sauf... pour la médecine générale. Les auteurs concluent que de nombreux
spécialistes font de la médecine défensive, c'est à dire qu'ils
augmentent les dépenses pour se protéger des plaintes, sans qu'il n'y
est de bénéfice clinique ou moins d'erreur. En un sens, l'étude montre
que multiplier les examens pour avoir moins de plaintes n'est pas utile
en médecine générale. Probablement que la relation médecin-patient
privilégiée est responsable de ce résultat!
Pour finir sur un article très sérieux du BMJ,
il semblerait que les médecins soient moins à risque de divorce que les
autres professions (moins de 25%!) , mais que les femmes médecins
avaient un risque plus élevé. Le conseil de la semaine est donc: cher
confrères, n'épousez pas une femme médecin! A la semaine prochaine!
Voici un
BMJ de Noël, étudiant la conduite des médecins ayant eu des contraventions pour excès de vitesse. On voit très clairement que les généralistes et les pédiatres dépassent peu les limitations, contrairement aux orthopédistes, internistes, psychiatres et cardiologues, ces derniers ayant le plus de contraventions dans des voitures de luxe!
La démographie
médicale change! (comme si on l'avait pas remarqué... ) Les spécialités
médicales et chirurgicales augmentent, les médecin généralistes
diminuent , et le tout sur fond de féminisation.
2020: La
HAS a
publié des recommandations concernant le repérage et la prise en charge
des violences faites aux femmes au sein du couple. On peut y penser
devant un conjoint trop présent en consultation, répondant à la place de
la patiente ou tenant des propos méprisants. Le guide propose des
phrases à adapter, par exemple:
« Avez-vous déjà été victime de violences (physiques, verbales, psychiques, sexuelles) au cours de votre vie ? »
« Comment votre conjoint se comporte-t-il avec vous ? »
« Vous est-il déjà arrivé d’avoir peur de votre partenaire ? »
« Avez vous peur pour vos
enfants? »
Sur
la prise en charge, bien sûr, il y a le certificat médical descriptif
(pour répondre à une question fréquente sur l'ITT, la HAS dit bien que:
"déterminer une ITT (Incapacité totale de travail) lors du certificat
initial n’est pas obligatoire : à éviter en l’absence de compétences
spécifiques, elle sera fixée ultérieurement à la demande des autorités
par les services compétents"), les CRIP, penser à protéger les enfants s'ils y en a, aider à quitter le
domicile, déposer une plainte/main courante, faire un certificat médical
descriptif, proposer d'être aidée par le Centre départemental
d'information sur les droits des Femmes et des Familles , contacter le
115 pour un hébergement d'urgence, ou le 3919 (Femme violence info), et
pour les patientes et professionnels:
www.stop-violences-femmes.gouv.fr et
http://declicviolence.fr/index.html (et j'ai envie de rajouter:
https://www.memoiretraumatique.org/ )
Et j'ajoute aussi le nouveau site de signalement des violences:
https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Signalement-des-violences-sexuelles-et-sexistes
2020: La
HAS a
publié des fiches concernant les mutilations sexuelles féminines sur
les personnes mineures. Les fiches me semblent bien faites et pratiques.
Il y a un modèle de certificats de non excision avec contre-examen de
contrôle à la date retour, des modèles de signalement, les procédures et
démarches à suivre. Il est rappelé que la patiente peut porter plainte
jusqu'à l'âge de 48 ans. Il est possible d'essayer d'aborder les
mutilation en employant des mots comme : « la tradition», « la coutume»
ou « le rituel» ; « le sexe coupé », « esquizeé », « excisé», «infi-bulé
», ou « coupé en bas» (en désignant avec la main le bas du ventre). Il
est recommandé d'aborder le sujet avant les départs en familles hors de
France, à l'entrée en primaire, au collège, et au lycée et avant le
mariage. Voici la liste des pays les plus concernés:
2025: La HAS a
publié une recommandation concernant l'accompagnement des personnes
ayant une mesure de protection. Concernant le médecin généraliste, il
est cité au moment du certificat où la formulation "médecin traitant"
veut en fait dire "tout médecin ayant vu le patient. Un médecin inscrit
sur la liste du procureur peut solliciter l'avis du médecin traitant,
qui n'a alors pas le droit de refuser de répondre aux questions du
médecin inscrit, mais n'a pas à donner accès au dossier médical: il faut
juste répondre aux question du certificat.
2024: la HAS a publié des recommandations concernant le répit des aidants.
Le document insiste sur l'importance du soutien aux aidants, et sur les
moyens de proposer des solutions de répit. La grille d'évaluation de la
situation de l'aidant est cependant inutilisable en pratique courante
(7 pages...). La partie la plus intéressante est disponible dans les
annexes du document rappelant les différents dispositifs existants:
- APA: > 60 ans, pour payer les dépenses liée au maintien à domicile
- Aide au répit: pour proche d'une personne avec APA, pour financer hébergement temporaire ou relais à domicile
- PCH via MDPH:
finance équipement, aides spécifiques techniques (téléalarme...)et
aides humaines (cumulable avec AAH mais pas avec APA ni AJPP)
- Congé de présence parentale (CPP):
droit non refusable par l'employeur, pour s'occuper d'enfant < 20
ans, pour 310 jours (pas de salaire et protection contre le
licenciement)
- AJPP: pour les parents, 22 jours/mois sur 3 ans maxi, cumulable avec le CPP
- AEEH: compensation des dépenses pour prise en charge du handicap d'un enfant < 20 ans
- Congé proche aidant et Allocation journalière proche aidant:
3 mois renouvelable jusqu'à 1 an et allocation versée pour maximum 66
jours sur l'ensemble de la carrière (non cumulable avec AJPP, PCH ou
AAH)
- Congé solidarité familial: 3 mois renouvelable 1 fois, non rémunéré mais cumulable avec AJPP
- Don de jours de repos : un salarié donne ses jours de repos ou RTT à un autre salarié (refusable par l'employeur)
- L'assurance vieillesse aidant et retraite à 65 ans:
l'assurance permet de valider des trimestres non travaillés pour les
aidant (nécessite d'avoir une des aides ci dessus) et s'être occupé d'un
proche pendant au moins 30 mois permet de prendre sa retraite à taux
plein à 65 ans si suffisamment de trimestres ont été obtenus.
un article parlant
de "négociation avec les patients à propos de tests, médicaments et
adressages", correspondant à environ 15% des consultations. Les réponses
"éducatives" sont moins efficaces que des réponses "d’exploration" (on
va donc détailler des éléments d'entretien motivationnel) . Ainsi, les
auteurs recommandent de questionner pour permettre au patient d'exprimer
totalement ses préoccupations, de répondre au patient en
nommant/validant ses sentiments et d'éviter les déclarations avant
d'avoir entièrement compris la demande du patient.
Voici un article du JAMA concernant
la désinformation et comment la débunker. Les auteurs conseillent de ne
pas réfuter d'emblée mais de faire une inoculation du doute : commencer
par (1) un avertissement puis (2) un pré-bunking : (1) vous avez pu
voir certaines informations peu fiables ou qui ont pour but de vous
manipuler; (2) actuellement, il n'y a pas de donnée montrant...
Un
article pour rappeler que les médecins et les patients n'ont pas les mêmes objectifs lors des consultations et les problèmes de santé que le patient souhaite absolument aborder ne sont pas toujours ceux du médecin. Cette étude retrouve la concordance entre les priorités des patients et des médecins est mauvaise; alors communiquons!
Parlons un peu de littératie en santé avec cette
étude transversale danoise qui a utilisé un score de Littératie en santé (
HLQ)
et notamment ses dimensions 6 (Capacité à s'engager activement avec
les professionnels de santé), 7 (Navigation dans le système de
santé) et 9 (Compréhension suffisante de l’information en santé pour
savoir ce qu'il faut faire). Un bas niveau de littératie était associé à
un plus long délai entre la première consultation chez le MG et
l'initiation d'un bilan, indépendamment du niveau socio-économique des
patients. En revanche, il n'y avait plus d'association avec le délai
jusqu'au diagnostic.
Le
NEJM a
publié dans sa rubrique "perspectives" un article qui fait écho à une
série de Tweets de la semaine: "prendre en charge un patient raciste".
L'algorithme proposé n'est clairement pas une panacée offrant des
solutions, mais aborder le sujet permet de réfléchir. Pour faire simple:
si le patient est en situation de détresse vitale, il faut quand même
le prendre en charge, et sinon, il faut négocier et s'adapter, quitte à
transférer le patient.

Cet article américain
a étudié la gestion d'une douleur osseuse métastatique d'un cancer
pulmonaire résistante aux antalgiques chez des patients standardisés
(psychologues avec dossiers fictifs) d'ethnie noire ou blanche par des
oncologues et médecins de premier recours. Les médecins ayant des
préjugés ethniques plus importants prescrivaient moins d'opioïdes contre
la douleur et avaient une moins bonne communication autour de la
douleur, tandis que ceux qui avaient des préjugés moins forts étaient
plus susceptibles de prescrire des antalgiques adaptés.
Nous sommes tous confrontés à des problèmes d'observance avec les
patients. Je pense en particuliers à deux patients hypertendus que j'ai
vu cette semaine, et dont je vous parlerai peut être plus tard. Bref, il
se trouve que la vision des patients sur les médicaments "importants"
n'est pas forcément celle que nous avons. Près de 20% des médicaments
considérés comme important par les médecins ne sont pas bien pris par
les patients, et dans près de 50% des cas, cette non-observance était
intentionnelle (l'article ici).
Sur cette introduction pour rappeler que la relation médecin-patient,
est aussi (surtout?) une relation patient-médecin, voici les actualités
de la semaine!
Bien que la
revue prescrire préfère les molécules vendues séparément, il ne faut
cependant pas négliger que les associations à doses fixes améliorent
l'observance. C'est ce que cette étude remontre
chez les patients avec une maladie cardiovasculaire établie. Seul
regret dans la démarche intellectuelle, l'absence de différence
significative en morbi-mortalité.
Une
étude française
trouve, de façon inattendue, que plus le nombre de traitements est
élevé, plus les patients sont observants et que la majorité de la
non-observance est en fait "involontaire"
Une étude qualitative suisse
a étudié le raisonnement clinique des généralistes face aux patients
multimorbides. C'est assez intéressant de poser des concepts sur la
pratique menée tous les jours et de comprendre ce qui se joue dans les
consultations de patients multimorbides : il ne s'agit pas simplement
d'additionner des problèmes les uns après les autres, puisqu'ils peuvent
s'intriquer et sont partagés par un même patient. Diagnostiquer la
situation, prioriser, articuler les maladies chroniques entre elles,
anticiper les problèmes à venir en faisant participer le patient à son
suivi. Le raisonnement des généralistes étant à la fois intuitif et
analytique. Un article intéressant à lire, notamment pour être réflexif
dans nos pratiques.
La multimordibité est un sujet vaste et passionnant concernant de nombreux patients en médecine générale. Une étude
allemande a
étudié les désaccords entre les patients atteints de polypathologie et
leur médecin généraliste. Les manques de communication entre les
intervenants de la coordination de soin, la gestion des pathologies par
le médecin généraliste, la communication entre le médecin et le patient
et les différences de compréhension entre le médecin et le patient sur
les maladies. Ainsi, on s’aperçoit que la prise en charge des patients
multimorbides en médecine générale nécessite une communication
importante entre les intervenants et le patient.
Tant que la
prescription d'antibiotiques sera associée à une meilleure satisfaction des patients, on sera pas sorti de l'auberge.
Cet
article s'est
proposé d'étudier les attentes des patient·es consultant leur MG pour
un motif émotionnel (anxiété, dépression, baisse de moral, stress +/-
réactionnels). Au fur et à mesure des 4
focus groups, les auteurs ont mené une analyse thématique jusqu'à saturation des données :
-
Le médecin-médicament a un rôle thérapeutique : la relation
médecin-patient·e empatique, connu de longue date, de confiance ou avec
leur MG ou au contraire, parfois, avec un MG inconnu, avec lequel il
peut être parfois plus facile de se livrer. Les patients appréciaient
pouvoir fixer les rendez-vous suivants d'avance. La prise de notes
numérique pouvait être un frein à la relation.
-
Le médecin enquêteur: le médecin doit pouvoir détecter les signes de
problème émotionnel, y compris lorsque ce n'est pas le motif de
consultation, poser un diagnostic et aider à trouver les raisons du
mal-être en explorant symptômes et circonstances de vie. Cette enquête
amène à favoriser la relation et limite la prise d'antidépresseurs, non
souhaitée par les patient·es.
-
Le médecin-collaborateur : le médecin a un rôle de conseil afin
d'aboutir, dans l'idéal, à une décision médicale partagée, notamment
pour la prescription d'antidépresseurs. Pour certain·es, il était
important de garder le contrôle sur leur santé, d'autres préféraient se
laisser guider.
Une étude intéressante est proposée par
Plos medicine. C'est une méta-analyse sur données individuelles évaluant les automesures tensionnelles (versus pas d'automesures), retrouvant (assez logiquement) que faire des automesures ne suffit pas a avoir une meilleure pression artérielle au cabinet. Cependant, lorsque les automesures étaient associées à un support médical, des conseils, un accompagnement à la mise en place de règles hygiéno-diététiques la tension était améliorée dans le groupe effectuant des automesures. Les automesures semblent être un plus dans la prise en charge mais doivent être utilisées comme un outil d'éducation thérapeutique du patient parmi l'ensemble des choses nécessaires pour se révéler efficaces.
Pour commencer, je vais vous parler d'un article publié dans
Pediatrics. Des entretiens simulés ont été mis en place pour évaluer la réaction des soignants face à l'impolitesse des patients (ou plutôt des parents de patients car l'étude était menée en pédiatrie). Les auteurs retrouvent que dans ces situations de conflits, les nuisent aux actions diagnostiques et thérapeutiques mais aussi à la coordination des soins dans l'équipe médicale. Fort heureusement, il semble que former les soignants puis réduire les risques d'altération des soins.
Mais
pour rassurer ceux qui seraient inquiets et remettraient en cause leur
capacité à faire de la "bonne médecine" à cause d'une mauvaise
e-réputation (comme de mauvais commentaires sur les sites internets), un
article retrouve
l'absence de corrélation entre la note donné au chirurgiens par des
patients et le taux de mortalité des patients à 30 jours après un
pontage coronarien!
Une petite infographie de @HarvardMed sur le temps nécessaire pour consulter un médecin pendant 20 minutes!
On conclura quand même sur la mise à jour de la page d'ameli.fr concernant les
certificats inutiles, pour lutter plus facilement contre la perte de temps!
NON aux
certificats absurdes (sauf pour les bébés nageurs en compétition aux jeux olympiques, évidemment!) !
Voici enfin la version
française publié
par Catherine Laporte et de nombreux autres (d'autres carrés seront à
venir centrés sur des thématiques: ALD, Covid...)

Une comparaison des systèmes de santé de 10 pays
"occidentaux" trouve que la France est vraiment moyenne, en la classant
5ème sur 10, notre "meilleur rang" étant 4ème pour "l'efficacité
administrative" (lol, mais ça correspond aux interactions avec les
mutuelles et pour ça, oui, la CPAM se débrouille bien pour permettre les
remboursements). Les "top" sont l'Australie et les Pays-Bas.
Introduisions ce billet avec un article du
BJGP qui
aborde la relation entre l'expérience patient et le type/volume de
consultations du médecin. Les auteurs retrouvent que les cabinets avec
un grand nombre de consultations disponibles par jour amélioraient la
satisfaction des patients notamment pour les RDV présentiels (70% des
RDV), et que consulter dans les cabinets disposant d'un grand nombre de
RDV "du jour" diminuait la satisfaction. Enfin, notons que la moyenne du
nombre de consultation par mois pour 1000 patient médecin traitant
était de 230.
Une
publication britannique
comparait les généralistes selon les pays. On voit en 1er lieux que les
MG français sont les plus insatisfaits d'Europe, tout juste devancés
depuis 2022 par les Britanniques, et que cette insatisfaction n'est pas
liée au revenus mais à la charge de travail notamment administrative.
Nous voyons en moyenne 114 patients en 45h (15min/patient), en nombre de
patients c'est dans le top 3, (les allemands font 250 patients avec des
cs de 10min!!) mais nous ne sommes pas "trop" en burn out par rapport
aux autres (quand même 1/3 des médecins avec des symptômes...). Nous
sommes ceux qui offrons le plus souvent des consultations après 18h et
qui travaillons au moins 1 fois par mois le week end. Il est aussi
plaisant de voir qu'on fait près de 90% de consultations présentielles
(contre 40% au Royaume Uni!). Par contre, nous sommes les moins informés
quand nos patients sont hospitalisés ou passent aux urgences. Nous
demandons plus que les autres s'ils ont besoin d'un "bon de transport",
mais sommes mauvais pour dépister ou prendre en charge l'insécurité
alimentaire, les démences et l'addictologie.
Le
BJGP aborde
les conséquences des fermetures de cabinet de médecins généralistes.
Les auteurs trouvent près de 10% de fermetures de cabinet en 3 ans, et
que la re-répartition des patients a entrainé une augmentation d'environ
5% des patientèles des cabinets environnants, une baisse de la
satisfaction des patients, une baisse de 2£/patient du "forfait médecin
traitant britannique" et pas de modification des "ROSP britanniques".
Bref, surcharger les médecins ayant déjà des patientèles pleines n'est
pas une bonne idée pour rendre la MG attractive et satisfaire les
patients.
L'
académie de médecine
a communiqué des recommandations pour les déserts médicaux. La 1ère
mesure repose sur un service civique obligatoire de 1 an pour tout
nouveau médecin, dans le cadre d'un salariat (peut être qu'ils espèrent
que les médecins resteront sur place... mais changer de médecin tous les
ans, c'est pas top niveau coordination des soins). Les autres mesures
sont adaptées: réduire l'administratif, favoriser l'installation
précoce, l'absence de coercition en phase de consolidation (mais y'a le
service civique qui remplacerai en fait...) et information/éducation de
la population au "bon usage" du système de santé.
Le
Lancet a publié un classement des systèmes de santé, et la France pointe à la 37ème place.... En fait en regardant les différents items, mais on est totalement plombé par: 1/ le tabac 2/ l'alcool (merci les lobbies...) 3/ les suicides. Sans ça, les autres items sont plutôt bons.
Je ne pouvais pas passer à coté de l'évaluation de notre système de soins via le "
Euro Health Consumer Index".
La France est à la 11ème position, loin derrière les Pays Bas. Un
tableau récapitulatif des différents index permet de situer les progrès à
faire, parmi lesquels: la prise en charge de l'alcool, la prise en
charge ambulatoire des patient dialysés, la prescription d'antibiotiques
sont les points critiques.
Pour commencer, je voudrais vous parler d'un article du BMJ open sur
la durée de consultation chez un praticien de premier recours. Mis à
part le fait que nos consultations sont en moyenne de 17 minutes (c'est à
dire un peu plus longues que la plupart des autres pays européens), on
voit aussi qu'on a la densité médicale la plus importante... j'ose même
pas imaginer les déserts médicaux des autres pays; c'est peut être ce
qui explique leurs consultations plus courtes...
On va parler d'un article du
JAMA health forum qui a étudié
les prescriptions inappropriées en soins primaire selon... la durée de
consultation! Ainsi, parmi les 4 millions de consultations étudiées, les
consultations courtes étaient associées à plus d'antibiotiques
inappropriés, plus d'opioïdes et plus de benzo!
Et pour commencer abordons cette
étude française
sur l'observance dans les maladies chroniques. Sur 180 patients, 70%
disaient n'avoir aucun problème pour prendre leurs traitements, 43%
utilisaient un pilulier, 79% disaient connaître leurs médicaments et
pourtant seulement 30% déclaraient ne jamais oublier leurs traitements.
Parlons d'un article du BJGP
qui retrouve que les patients multimorbides consomment 2 à 3 fois plus
de soins que les autres patients. Les patients avec "dépendances" et
ceux ayant des problèmes de "santé mentale" augmentaient le plus leur
recours aux soins primaires quand une nouvelle comorbidité s'ajoutait,
mais ce sont les patients "cardiovasculaires" qui consultaient le plus,
environ 7,5 consultations/an.
un article du
BJGP permis
d'identifier les typologies de patients multimorbides ayant un "coût le
plus élevé". Ainsi, les patients avec anxiété, douleurs chroniques et
dépression étaient le "pattern" le plus fréquent chez les patients à
"coût élevé", mais les patients combinant coronaropathie, insuffisance
rénale chronique, diabète et insuffisance cardiaque coûtaient
sensiblement plus cher. Enfin, il est intéressant de voir quelles sont
les maladies chroniques les plus fréquentes dans cet échantillon de 100
000 patients :
On parle beaucoup des lapins (juste le temps d'écouter un podcast!), et cette revue
systématique a voulu comprendre pourquoi les patients manquaient leur
rendez-vous en soins premiers: avec une moyenne de 15% (12% de médiane)
de rendez-vous manqués. Ils sont plus fréquents chez les patients ayant
un antécédent de maladie psychique ou multimorbides, issus d'un milieu
socio-économique défavorable, les personnes de moins de 21 ans, et ceux
qui ont déjà manqué un rendez-vous. Associés à une mortalité ultérieure
plus élevée, les rendez-vous manqués étaient liés à des engagements
personnels ou professionnels, une oubli, des difficultés d'accès au
rendez-vous (transports, météo) ou le fait de se sentir mieux ! D'autres
raisons comme des problèmes liés à la prise de rendez-vous (mauvais
date/horaire donnés, le jour de la semaine (plus fréquents le lundi!),
ou un rendez-vous avec la mauvaise personne, l'absence de rappels).
Rappelons les rendez-vous à nos patients mais sachons déceler ce qui se
cache derrière les rendez-vous manqués !
Commençons par parler de l'évolution de la charge de travail pour les patients dans une étude du
BJGP.
On y voit qu'entre 2005 et 2019, le temps clinique nécessaire par
patient a augmenté d'environ 50 % (intégrant les MG et les nurses).
Concernant la charge des généralistes plus spécifiquement, le temps
d'actes purement administratifs a été multiplié par 2,7 sur cette
période, faisant passer ces actes de 16% du temps de travail à 30% !
Voici un article du
BJGP , irlandais,
qui parle de la charge de travail des généralistes et de la répartition
du temps de travail en fonction des taches effectuées: sur environ 10
heures de travail par jour, seulement 7 sont dédiées à de la
consultation (examen et prescriptions)!
On a déjà vu qu'avoir
des médecins généralistes
ça diminue les morts. Certains se sont demandé si investir dans les
soins primaires améliore le système de santé dans les pays de l'OCDE.
Cette
étude retrouve
que qu'augmenter les dépenses de santé par habitant ne réduit pas les
hospitalisations notamment en ce qui concerne la BPCO, l'asthme, le
diabète et l'insuffisance cardiaque. Cependant, cela améliorait la
participation aux dépistages notamment pour les cancers du col de
l'utérus et du sein.
Commençons cette semaine par parler de
continuité des soins des patients diabétiques.
Cette étude incluant plus de 10 000 diabétiques a mis en évidence que
les patients voyant 0 ou 1 fois leur MG dans l'année ont un risque de
mortalité plus élevé que ceux ayant un suivi régulier avec lui (et ceux
voyant le plus souvent également, mais c'est probablement parce que leur
santé se dégrade qu'ils ont besoin de plus de RDV)
Cette
étude japonaise
demandait aux patients de renseigner un questionnaire "primary care
assessment tool" évaluant le premier contact, la continuité, la
coordination, l'exhaustivité et orientation des soins reçus. Les auteurs
retrouvent que quand ce score était élevé était associé à une réduction
des hospitalisations. Nota bene: cela concernait chaque dimension du
score, dont la continuité des soins, la coordination, la prise en charge
globale... et pas seulement le 1er contact. Comme quoi l'avenir des
soins primaires pour éviter les hospitalisations, ce n'est pas les soins
non programmés!
Voici en introduction un article du
BJGP qui
a utilisé la durée de relation médecin généraliste-patient comme
marqueur de coordination des soins. Les auteurs retrouvent que plus la
relation était longue, moins les patients mourraient, moins ils étaient
hospitalisés et moins ils utilisaient les services de garde médicale !
Un peu de paillettes sur la médecine générale pour commencer, avec un article du
JAMA internal medicine qui retrouve qu'augmenter le nombre de MG par habitant permet de réduire la mortalité (contrairement à l'augmentation du nombre des autres spécialistes)! Bon, en chiffres absolus, ça donne qu'augmenter le nombre de 10 MG par 100 000 habitant augmente l'espérance de vie des patients de 51 jours...
Un article du BMJ Open revient sur l'importance de la coordination des soins par le médecin généraliste. En effet, cette méta-analyse retrouve qu'une bonne coordination des soins (c'est a dire référer ses patients avec des courriers etc...) est associé à une réduction de la mortalité des patients!
Voici une étude du BMJ open retrouvant qu'avoir un médecin traitant ne permet pas d'améliorer la coordination des soins chez les personnes âgées. Mais, il me semble que le système britannique n'est pas identique au notre car chez eux, les médecins traitants sont désignés et non choisis comme c'est le cas en France.
On l'a déjà dit, mais si les patients pouvaient ne pas sortir d'hospitalisation avec des ordonnances pour 3 mois, ça éviterai qu'il ne viennent consulter que 3 mois après la sortie alors qu'il est important qu'une évaluation dans le mois qui suit, soit effectuée: j'en avais déjà parlé ici, mais voici une nouvelle étude à l'appui (Et de préférence, même sans compte rendu d'hospitalisation, juste une lettre rapide résumant l'hospitalisation, ça serait top! Merci <3)
Communication interprofessionnelle d'abord: cette
étude
britannique s'est proposée de définir les critères d'une lettre de
sortie d'hospitalisation réussie en interrogeant des généralistes. Pour
cela, il fallait qu'elle contienne le motif d'admission, le diagnostic,
les changements de traitement et la raison du changement, les examens
effectués ainsi que leurs résultats, l'information du patient, ainsi que
le suivi prévu à l'hôpital et par le généraliste.
Un
article publié cette semaine vient justifier les consultations chez un médecin généralistes dans les 7 jours suivant la sortie d'hospitalisation des patients. En effet, cette visite diminue le risque de réhospitalisation à 30 jours de plus de 25%. Réévaluer les patients après leur retour à domicile, ça prend du temps. La sécurité sociale donc sera ravie de payer les MSH et les MIC pour une fois qu'une mesure est scientifiquement justifiée!
Au cas où certains politiciens de la santé tombent sur ce blog, voyons
ce qu'il se passe au niveau de la population quand des patients perdent
leur médecin généraliste pour différentes raisons (retraite,
déménagement, décès...). Cet article du
Jama Internal Medicine
retrouve que les patients ayant perdu leur médecin généraliste
consultent moins les généralistes (logique...) mais augmentent leurs
consultations chez les spécialistes et dans les services d’urgences,
entrainant un surcoût (puisque c'est l'argent qui fait poser des
décisions) de 189€ par patient par an en moyenne (mais jusqu'à 260€ pour
les patients dont le médecin généraliste exerçait seul)
Cette semaine, on vous partage un article
qualitatif de 2015, qui a étudié le rôle des médecins de premier
recours dans la pandémie H1N1 de 2009 en Israel, Australie et
Grande-Bretagne. En dépit de stratégies différentes entre les pays
(certains adressaient directement les patients suspects à l'hôpital
quand d'autres ont placé leurs MG en première ligne des tests). C'est
intéressant de voir que les mêmes problématiques se répètent 11 ans
après avec la survenue de l'épidémie à coronavirus, posant question sur
les moyens à mettre en oeuvre pour gérer une pandémie... une piste
serait quand même que les autorités sanitaires prennent le temps de
considérer et d'informer les soignants correctement, ce serait un bon
début! En bref, on retrouvait dans les entretiens :
- l'absence d'équipements de protections personnels en quantité suffisante,
- une
demande importante des patients de conseils personnalisés malgré les
conseils émanant des autorités sanitaires (anxiété, manque de confiance
dans les autorités) augmentant le nombre de recours aux soins
- la
difficulté à réorganiser les cabinets habituellement tournés vers la
pathologies chroniques et à séparer les flux de patients (Australie) ou
d'assurer en nombre les visites à domicile (Angleterre)
- un manque de confiance des autorités dans leurs médecins et d'implication dans les prises de décision
- le
retard des recommandations pour les bonnes pratiques spécifiques des
soins premiers ou rythme trop rapide des mises à jour empêchant le suivi
par les soignants
Les services d'urgences, qui se dépeuplent en région parisienne l'été et regorgent de monde au fur et à mesure qu'on se rapproche de la côte méditerranéenne et atlantique, on été ciblés par
une étude de grande ampleur: 50 000 passages sur plus de 700 sites durant une journée. Cela a permis de déterminer que le délai d'attente était inférieur à 2 heures pour près de 50% des patients, et inférieur à 4 heures pour 75% d'entre eux, donc 40% consultaient pour des problèmes de traumatologie . Je vous laisse découvrir les autres données avec l'article!
Un article du BJGP a évalué la prise en charge des troubles musculosquelettiques par des kinésithérapeutes. Cette étude observationnelle a retrouvé que les prises en charge des kinésithérapeutes étaient cohérentes et adaptées et pourraient permettre de diminuer le recours aux médecins.
Cette étude du
BMJ qui montre l'efficacité des assistants médicaux, nommé en anglais "scribes" (en fait, ça ressemble pas mal à des externes...) qui augmentent d’environ 15% la productivité aux urgences et réduisant la durée de séjour aux urgences de 19 minutes!
Alors que les populations vieillissent, cet
article paru dans le BMC Family practice a étudié les relations entre les soins premiers et les services sociaux et de santé communautaires (HSS) accompagnant les personnes âgées à travers des
focus Group menés au Canada. Les HSS, souvent bénévoles, ont plusieurs rôles dont l'accompagnement des personnes âgées dans des missions telles que le bien être, les transports, la coordination, les visites à domicile. Les résultats ne sont pas surprenants : les sujets âgés polypathologiques ont plus de besoins en matière d'accompagnement social, le délai avant l'inclusion dans les programmes d'aide est souvent trop long (refus initial des familles, places limitées dans les structures d'accompagnement), la communication est difficile entre les soins premiers et les services sociaux avec des dossiers administratifs complexes à monter.
on va commencer par une publication de l'
IRDES qui
trouve que les patients ayant l'AME ont plus souvent recours aux soins
en cabinet médical et consultent moins souvent aux urgences; une raison
de plus pour ne pas la supprimer
Voici un article intéressant à regarder, que je ne pourrais pas décrire car ça serait trop long. Mais il est en accès libre et vous pouvez voir les différents dépistage recommandés selon les pays et ainsi comparer ce que nous faisons avec les recommandations d'autres nations! Globalement, on est quand même parmi les moins agressifs sur les dépistages.
Voici
l'arrêté qui
va limiter énormément les prescriptions "non substituables". En effet, à
partir du 1er janvier 2020, le "NS" ne sera possible que pour les
médicaments à marge thérapeutique étroite pour les molécules définies
par la liste (il faudra noter "NS MTE"), les médicaments pour enfants
de moins de 6 ans dont seul le princeps a une galénique adaptée ("NS
EFG") et pour les médicaments pour le patient a une contre-indication
formelle (donc liée à un effet indésirable grave), et démontrée (donc
tests allergologique) à un excipient à effet notoire présent dans tous
les génériques mais pas dans le princeps (donc comme si on pouvait tout
regarder) ("NS CIF"). Bref, les patients pourront toujours demander le
princeps et avancer les frais avant d'être remboursé sur la base du
remboursement du générique.
Un
arrêté ministériel vient modifier le "non substituable" mis en place depuis le
début de l'année.
Quand le prescripteur n'a pas noté le "NS MTE", le pharmacien peut lui
même ajouter la mention "non substituable (MTE-PH)" pour ensuite
délivrer le produit princeps.
Suite à plusieurs
décrets,
le patient peut désigner des pharmaciens correspondants qui peuvent
adapter les posologies des traitements chroniques. De plus, les
pharmaciens peuvent également diagnostiquer et traiter par antibiotiques
les cystites, l'odynophagie, la rhino-conjonctivite allergique et les
varicelles après avoir reçu une formation. J'aime beaucoup travailler
avec les pharmaciens, mais je ne sais pas dans quelle mesure ces actes
diagnostiques et thérapeutiques doivent s'ajouter à leurs missions ou si
ça modifie beaucoup ce qui était déjà fait (dans le sens où il n'est
pas rare que le pharmacien appelle pour discuter d'une adaptation de
posologie à la fonction rénale par exemple). L'autre écueil serait de
rendre le généraliste "uniquement " médecin de maladie chronique et
moins un médecin de premier recours au sens large, alors que ces
consultations plus simples permettent d'aborder la prévention et le
dépistage chez des patients consultant uniquement à l'occasion de
problèmes aigus de ce type.
En effet, il y avait eu cet
article de 2017 disant que les patients âgés mourraient moins quand ils étaient traités par des femmes, et voici un nouvel
article trouvant
que la mortalité et les réadmissions des patientes (femmes) sont plus
faibles quand elles sont prise en charge par des femmes médecin par
rapport à une prise en charge par des hommes médecins, mais qu'il n'y a
pas de différence pour les patients (hommes).
Vous vous rappelez de l'article disant que les patients soignés par des
femmes avaient une mortalité hospitalière moindre? Et bien , il faut
également être soigné par un médecin jeune (et surtout de moins de 60
ans) d'après le
BMJ.
Avec la démographie médicale vieillissante, les patients vont être
embêtés... Mais peut être que l'utilisation de Google remplacera la
consultation chez le médecin et améliorera la prise en charge?
Un jour peut être, mais pas encore...
cette
étude qualitative danoise
a exploré la perception des généralistes sur le suivi des maladies
chroniques (BPCO et diabète). Le généraliste danois est au coeur du
système de santé, et sans surprise, les généralistes interrogés se
sentent pilier du suivi des patients avec une nécessité d'avoir des
connaissances solides. La relation de confiance entre les généralistes
et leurs patients améliore la qualité des soins. Le généraliste apparaît
comme un élément incontournable et permet la coordination des soins.
L'approche centrée patient est complétée par une approche holistique des
patients, notamment du fait de comorbidités fréquentes.
D'autre part,
Annals of internal medicine a publié un article sur les "Patients center medical homes" (qui peuvent correspondre à nos maisons de santé pluridisciplinaires). Il semblerait que dans ces entres de soins, l’observance des patients avec maladie chronique soit meilleure, ce qui pourrait correspondre à une meilleur qualité de soins.
La
revue Minerva a
revu un article de 2014 sur l'organisation de la prise en charge des
pathologies chroniques par des infirmiers. La conclusion confirme celle
de l'étude, avec une amélioration des paramètres de santé tels que la
tension artérielle, cholestérolémie... grâce aux intervention des
infirmiers.
La multimorbidité est centrale en médecine générale et une étude du
BJGP vient
apporter de nouvelles données épidémiologiques. En utilisant une liste
de 80 maladies et la base commune de patients vue en médecine générale
(plus d'un million de patients, de 0 à plus de 90 ans, 44 ans en
moyenne) , les auteurs retrouvent que 40% des patients ont au moins 2
maladies chroniques et 28% au moins 3 maladies chroniques. Être un
patient défavorisé et/ou une femme étaient des facteurs de risques de
multimorbidité.
Cette
étude mixte
a recueilli l'expérience de patients multimorbides et de professionnels
de santé hollandais autour d'un programme d'amélioration des soins
centrés sur le patient.
Les
professionnels de santé de l'étude ont participé à un programme
d'amélioration des compétences en approche centré-patient et les
intitulés des ateliers donnent vraiment envie de participer à ce type de
programme : travail de l'écoute, de l'entretien motivationnel, atelier
autour de l'interprétation des émotions, prise de décision partagée,
apprendre à s'assurer de la compréhension des patients, formation à la
reconnaissance de l'illettrisme... Pour la partie qualitative:
l'analyse thématique des entretiens a réaffirmé l'importance de
l'information du patient et de ses proches pour adapter les soins à ses
besoins mais aussi de prendre en compte le confort physique des
patients, le médecin prenant la place de coach pour accompagner le
patient à comprendre et décider en fonction de sa santé. Pour la partie
quantitative, la participation au programme des professionnels a
amélioré le ressenti des patients sur leur confort physique, leur
soutien émotionnel, et dans l'implication de la famille et des amies
sans amélioration de leur niveau d'information malgré des ateliers
dédiés.
Cette
revue de la littérature s'est
intéressée à la gestion des patients multimorbides par les
généralistes. L'article est assez riche et aborde la complexité de la
multimorbidité. Le raisonnement clinique est peu décrit dans les études
incluses, mais décrit par les auteurs comme un raisonnement inductif
avec des stratégies de priorisation. L'objectif principal des
généralistes, au delà de poser des diagnostics, est d'assurer une
certaine qualité de vie aux patients en adoptant l'approche centrée
patient (bien que ce soit plutôt la saison des pâquerettes que celle des
marguerites) pour adapter le traitement et les décisions lorsque cela
est possible, bien que les priorités des acteurs soient souvent
différentes. Les spécificités de cette approche incluent un manque de
recommandations pour la multimorbidité, avec des recommandations
essentiellement centrées sur une pathologie, la nécessité d'une
collaboration entre professionnels de santé et des discussions autour de
la polymédication et de la nécessité de déprescrire.
Parlons du
fardeau du traitement
des patients multimorbides avec un article du BJGP. Il existe plusieurs
questionnaires pour l'évaluer, mais des chercheurs ont proposé de
l'évaluer avec une seule question: "Sur une échelle de 0 à 10, où 0
correspond à aucun effort et 10 à l'effort le plus important que vous
puissiez imaginer, comment évalueriez-vous l'effort que vous devez
fournir pour gérer votre état de santé ?" Ainsi, pour une réponse
⩾ 5,
la sensibilité de la question était de 89% et sa spécificité de 58%, ce
qui est pas mal pour repérer et essayer d'alléger le fardeau des
patients concernés.
Le fardeau ou la charge financière des personnes multimorbides a été étudiée dans une
revue de la littérature
regroupant 46 études qualitatives, majoritairement Nord-Américaines,
avec des approches d'analyse différentes. L'étude rappelle les coûts
directs : consultations, achat de médicaments, transports vers les
structures de soins (et plus encore en cas de handicap), achat
d'équipements, liés aux mesures hygièno-diététiques proposées telles que
le mieux manger ou l'inscription en salle de sport. Dans les coûts
indirects, les participants ont rapporté les pertes de revenus liées à
la réduction des heures de travail, la diminution d'accès aux promotions
au sein et l'entreprise et les probabilités augmentées de perte d'emploi
et de retraite anticipée. La présence d'un système d'assurance maladie
et de prestations sociales est un facteur aidant, mais souvent
insuffisant pour couvrir toutes les dépenses. Pour appréhender la charge
financière de la multimorbidité, les patients ont décrit devoir parfois
demander de l'aide à leur famille ou encore renoncer aux soins, le
tout impactant leur bien-être. Posons-nous la question des raisons qui
ont amené les patients à ne pas prendre un traitement, voir un
spécialiste ou à suivre les mesures hygiéno-diététiques, peut-être qu'en
plus du fardeau thérapeutique, la charge financière fait pencher la
balance vers un renoncement aux soins.
Voici un article paru dans le Lancet dans la catégorie "Point de vue" portant sur la mise en place de l'organisation des soins d'urgence suite aux attentats de Paris.
Je ne sais pas vraiment quoi en penser. En effet, la mise en place des
secours a été efficace, la régulation et l'orientation des blessés
également, et l'ensemble des acteurs doivent être félicités, remerciés
car ils ont sauvé de nombreuses vies. Mais, publier sur "l'efficacité de
notre système de soins d'urgence" et les "prouesses de l'APHP" dans le
Lancet, a peine 10 jours après les attentats, avec 15 auteurs qui se
sont coordonnés pour "participer de façon équivalente" alors que plus
d'une dizaine de victimes sont encore dans des lits en réanimation,
c'est probablement que très peu de jours se sont perdus entre le 13
novembre et le projet de publication, et je trouve ça un peu déplacé...
(ce qui n'enlève rien à la qualité de l'article, soit dit en passant)
Abordons l'état de santé des patients renonçant aux soins durant la pandémie de Covid grâce à cet article du
BJGP.
En effet, ne pas avoir consulté un médecin (MG ou autre spécialiste)
était associé à une augmentation des symptômes anxio-dépressifs et à une
surmortalité toutes causes.
2015: La HAS a publié un document d'aide à la prise en charge des patients polypathologiques. Le document comprend
une fiche d'amélioration des prescriptions, les points clé de
l'évaluation gériatrique et une check-liste de prise en charge
(particulièrement longue, cependant).
2015: Ensuite, la HAS a publié une check-list des
éléments à compléter avant de faire sortir un patient d'hospitalisation
supérieure à 24h, dans le but d'améliorer la prise en charge et le
retour au domicile. Je ne manquerai pas de féliciter et de remercier
grandement les médecins qui me préviendrons, comme dans la check-list,
de la sortie de mes patients, de la conduite à tenir à court terme si
c'est trop spécialisé pour moi et du projet de soin, avant que je ne
vois le patient en consultation (étant donné que le compte-rendu ne
m'arrivera dans le courant du mois suivant, au mieux...)
On en parlait sur les réseaux, comment
savoir si l'on doit suivre une recommandation? Le G-TRUST simplifié permet de
se poser les questions concernant la pertinence, l'interprétation et la
fiabilité de recommandations en pratique clinique Passons
aux choses sérieuses, on avait l'Etude Ecogen qui étudiait les motifs
de consultation en France, voici les principaux motifs de consultation et diagnostics posés dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Bonne lecture !
Alors qu'une tribune dans l'
Express signée par 200 généralistes demande la suppression des actes inutiles, le
BMJ
revient sur la non prise en compte du temps du médecin pour
l'application des recommandations, ce qu'ils appellent le "clinicians'
time need to treat" (TNT) qui va dépendre de la complexité du patient et
du traitement à mettre en place. Par exemple, une intervention brève
personnalisée sur l'activité physique prendrait au moins 10min, et il
faut aborder le sujet chez 14 patients pour qu'un modifie son
comportement, et il faut screener 34 patients pour repérer les 14 qui
ont besoin de ce conseil. Il faudrait donc 3 heures de travail pour
entrainer 1 modification comportementale chez 1 patient et si on
rapporte ça à une patientèle de 1000 patients, ça fait 80h par an
"uniquement pour cet acte". Ne disposant pas d'un temps illimité de
consultation, les recommandations devaient indiquer les TNT pour
permettre de sélectionner les mesures efficaces et réalisable, pour que
les médecins passent moins de temps sur des mesures chronophages et
moins efficaces.
Des auteurs ont publié dans le BJGP un
article comparant les traitements reçus par les patients diabétiques et
hypertendus en s'intéressant à la fréquence d'une prescription
médicamenteuse et à la fréquence d'une prescription de conseils
hygiéno-diététiques. Les figures parlent d'elles même... alors que ce
qui réduit le plus les évènements cardiovasculaires, ce sont les RHD...
Un article d'Annals of family medicine sur l'évolution des pratiques des généralistes : plus de suivi de pathologie mentales et d'examens généraux et globalement moins de place pour les motifs "aigus", une augmentation de 2min du temps de consultation, plus de diagnostics par consultation, plus de mesures préventives et de prescriptions médicamenteuses également.
Un article du BJGP a
étudié les symptômes de 50 000 danois en 2012. Les auteurs ont retrouvé
que seuls 21,7% des symptômes menaient à une consultation, ce qui
correspond exactement aux 217 patients sur 1000 consultant un
généraliste dans le Carré de Green en 2001.
Un
patient qui reconsulte pour un même motif est un patient qui est
potentiellement plus grave. Ce phénomène a déjà été bien observé et la
relation mortalité/nombre de consultation est remise au gout du jour par
un article .
Cette revue de la littérature a mis en évidence une multiplication par
2,2 des patients consultant fréquemment aux urgences. Tout ça pour dire,
que "le patient hypochondriaque" qui vient "toujours pour la même
chose" , et ben, il a un risque supérieur aux autres patients: alors
restons vigilants!
Voici les "red flags" de Choosing Wisely"
concernant la pratique de la médecine générale: c'est à dire, les
points de réflexion à avoir sur des "habitudes" qui ne seraient pas EBM
et entraineraient du surdiagnostic et du surtraitement. (Pour les autres
spécialités, il faut sélectionner ici!)
Commençons ce billet par un éditorial du
BMJ présentant
une carte interactive des articles sur le développement durable, qui
peuvent être classé par spécialité médicale, type de stratégie ou type
de changement. En MG, les principaux leviers sont de privilégier les
traitements non pharmacologiques de l'insomnie, éviter les imageries
dans la lombalgie, éviter les IPP inutiles, déprescrire dans le diabète
de type 2, privilégier le fer oral en 1 prise par jour si
supplémentation, ne pas doser la vitamine D et réutiliser le matériel
gynécologique (et d'autres idées d'actions
ici et
là)
Dans la lignée des documents produits par le
CMG sur le développement durable, une
étude qualitative
a étudié les comportements des médecins généralistes vis à vis de cette
problématique. Ce qu'il faut retenir, en dehors de faire attention aux
modes de transports et au tri des déchets, c'est surtout que le
développement durable en MG, c'est les prescriptions: éviter le
sur-diagnostic, le sur-traitement, prescrire à bon escient...
Le groupe de santé planétaire
du CMG a publié une fiche avec quelques pistes d'actions en termes de
développement durable à mettre en place au cabinet comme la gestion des
déchets, l'adaptation de ses modes de transports, la limitation de
l'impact lié aux prescriptions médicamenteuses
Un article d'opinion publié dans le BMJ discuter
de l'implication du surdiagnostic dans l'empreinte carbone liée aux
soins. En effet, les auteurs dénoncent principalement les surdiagnostics
des cancers de la prostate et de la thyroïde dont les soins génèrent
des émissions de carbone sans améliorer la santé. En attendant pour les
actes du quotidien au cabinet, il y a le groupe du CMG qui propose outils et affiches pour agir en termes de développement durable.
Une revue systématique du JAMA a
étudié la place des bilans généraux de santé en médecine générale au
travers d'essais randomisés et d'études observationnelles (on en avait
déjà parlé ici).
Aucun des bilans généraux n'améliorait la mortalité globale ou les
évènements cardiovasculaire. Cependant, ces auteurs retrouvent que ces
bilans améliorent le diagnostic et le contrôle de maladies chroniques,
notamment l'hypertension artérielle, le diabète et de la dépression,
améliorent la participation aux actions de prévention de de dépistage,
notamment pour le cancer colo-rectal et le cancer du col de l'utérus, et
une amélioration dans le suivi des règles hygiéno-diététiques et
parfois de la qualité de vie. Cependant, certaines études retrouvaient
une sur-mortalité non expliquée, un surdiagnostic d'AVC. Ainsi, les
bilans systématiques sont une fois de plus inutiles, mais des bilans
cliniques ciblés (mesure de tension artérielle, évaluation de l'humeur,
actions de prévention) semblent pouvoir apporter un bénéfice.
Dans une
étude rétrospective
britannique concernant 2500 patients issus de 57 patientèles, il
apparaît qu'un quart des tests sanguins effectués sont partiellement ou
totalement inutiles et près de 50% n'ont pas entraîné de modification de
prise en charge !
Introduisons ce billet par un article du
BMJ qui
parle de réduire les bilans de routine dans les services hospitaliers
car associé à critères négatifs tels qu'une augmentation des durées de
séjour, des anémies induites, à soins et des couts non nécessaires
(150£/patient environ).
Une énième revue, ici de la Cochrane retrouve que les bilans de santé généraux n'ont pas d'effet sur la mortalité globale, ni sur la mortalité cardiovasculaire, ni sur la mortalité par cancer.
Voici une nouvelle méta-analyse publiée dans le BMJ retrouvant
l'absence de bénéfices aux bilans de santé systématiques en terme de
mortalité, de morbidité, d'hospitalisation, d'invalidité, mais avec une
augmentation du nombre de diagnostics et de comorbidités des patients
(notamment d'hypertension et de dyslipidémie).
Une revue systématique du
BJGP
revient sur les interventions de prévention en soins primaire chez les
sujets âgés. Bien qu'elles ne semblent pas réduire les hospitalisations,
elles améliorent la réalisation des activités de la vie quotidienne et
la santé perçue
Cet article a
étudié les pratiques en matière de prévention de 1813 généralistes
français. La base de données utilisée pour l'étude est un peu vieille
(2009) et les auteurs se sont intéressés au pratiques vaccinales (HPV et
grippe) et addictologiques (tabac et alcool). En augmentant le nombre
de consultations quotidiennes, il y avait une meilleure stratégie
préventive vaccinale mais une moindre attention sur la prévention en
addictologie. L'utilisation de dossiers numérisés améliorait la
prévention globale. Les auteurs expliquent ces chiffres par le temps
nécessaire à l'acte vaccinal (rapide) comparé à celui de la prise en
charge globale qu'impose la prévention en addictologie (plus long), avec
une tarification à l'acte similaire pour les deux pratiques, avec une
sensation de compétence incomplète en addictologie contrairement à
l'acte vaccinal. A quand une revalorisation réelle des actes de
prévention en médecine générale afin de permettre une organisation au
sein des cabinets ?
Voici un autre article un
peu hors catégorie concerne le sur-traitement des patient. Deux milles
médecins américains ont déclarer que 20% environ des prises en charges
étaient inutiles, dont 20% en traitements médicamenteux et 25% en
examens complémentaires. Cette sur-prescription était multifactorielle
avec principalement des erreurs médicales à 80% et un désir ou une
pression des patients à 60%! Être réflexif sur sa propre pratique peut
être très instructif je pense...
Je
voulais commencer par un article qui me touche particulièrement,
puisqu'il a été publié par des médecins qui ont joué un rôle important
dans ma formation. Et ça tombe bien, puisqu'il s'agit justement de
formation médicale. L'ECN forme mieux les étudiants à travailler sur du
papier qu'à examiner un patient. Malheureusement.
L'article met
parfaitement en avant l'absence de corrélation entre le classement et
l'analyse des 11 points cliniques évalués chez des étudiants à la veille
de prendre leur poste d'interne.
Si on traçait une droite cherchant une corrélation, elle serait horizontale et passerait par un score global d'environ 7/11.
Le
point positif de l'article, c'est qu'il permet également de se
remémorer la sémiologie, avec le détail de certains gestes qu'on oublie
parfois:
Un billet consacré entièrement à cet article par PUautomne est disponible
ici .
Une étude chez
les résidents en ORL ne retrouvait pas de corrélation entre les
capacités de clinicien et les résultats des examens théoriques de
l'étudiant. Seul point positif: les sports collectifs aident a avoir un
bon esprit d'équipe dans le milieu professionnel!
Mais avant de commencer avec des actualités, je voudrais parler d'un
article extrêmement
intéressant sur la perception qu'ont les médecins de l'efficacité des
traitements. Les auteurs montrent que dans un grand nombre de situation
(dépistage, prévention cardiovasculaire et traitements), les médecins
surestiment ou sous estiment les bénéfices des interventions. Je vous
laisse voir le graphique qui permet de remettre en question ses
connaissances et perceptions personnelles:
Parlons de temps du moment de la consultation et des activités du médecin. On connaissait l'étude PAAIR qui retrouvait qu'on prescrivait plus facilement des antibiotiques en fin de journée et avant le week end. Une
étude américaine retrouve que les médecins généralistes prescrivent plus de tests de dépistage du cancer colo-rectal et de mammographie le matin, et qu'ils en prescrivent progressivement de moins en moins au cours de la journée. Chose intéressante, la conviction du médecin dans les explications données doit certainement décroitre également, car les patients effectuent moins leur tests quand on leur prescrit en fin de journée également (à moins que ce soit parce que ce sont des patients moins disponibles pour les consultations et moins disponibles pour faire les tests également...)

Concernant
la prescription d'antibiotiques, il semblerait que la fatigue augmente
le nombre de prescription: en fin de matinée et surtout en fin de
journée, le nombre de prescription d'antibiotique a tendance à augmenter
d'après le
JAMA.
Probablement que les médecins n'ont pas plus la force de débattre de
l'absence d'intérêt d'antibio ou le temps d'expliquer quand il faut
rattraper le retard accumulé durant les consultations précédentes.
Veiller à nos prescriptions est important. Un article du British Journal of General Practice a regardé l'association entre prescription d'antibiotiques et prescriptions d'autres traitements. Les médecins les plus prescripteurs d'antibiotiques étaient également particulièrement prescripteurs d'inhibiteurs de pompe à proton et de benzodiazépines, et plus globalement, ils prescrivaient plus de médicaments. Chaque prescription nécessite d'être rationalisée pour diminuer la iatrogénie...
Deux études d'Annals of family medicine parlent de l'échographie en médecine générale. La première
est une étude mixte concernant la place de l'écho en MG. Les
participants ne déclaraient l'utiliser que pour un nombre restreint de
situations pour lesquelles ils devaient avoir reçu une formation
spécifique afin d'être compétents. L'utilisation était généralement
ciblée selon les hypothèses diagnostiques et non exploratoire. Les
médecins effectuaient généralement des échographies dans les domaines de
la gynécologie, des troubles musculo-squelettiques, pathologies
abdominales, lésions sous cutanées, pathologies pulmonaires, pathologies
cardiaques et pour la recherche de phlébites.
Un article du
BMJ revient sur le risque d'incidentalomes lors des IRM. On voit en effet un risque d'incidentalome de sévérité indéterminée allant jusqu'à 12 % pour des IRM corps et cérébrales! Donc attention aux IRM inutiles, la clinique d'abord ! Voici un peu ce qu'on trouve:

Dans le BMJ, on retrouve 17 mesures proposées par la
NHS (National Health Services britanniques) pour renoncer à des soins inutiles dans la pratique courante. Ils sont divisés en 2 parties: ceux ne devant pas être proposés ( la chirurgie des ronflements hors SAOS, curetage pour ménorragies sévères, arthroscopie pour gonarthrose, infiltrations pour lombalgie commune sans sciatalgie) , et ceux ne devant être proposé qu'a certains patients remplissant toutes les conditions (comme les aérateurs transtympaniques pour otite séreuse de l'enfant, amygdalectomie pour angines récidivantes...)
Nous avons la ROSP. Les anglais ont également des objectifs de santé publique de payement à la performance. Cette étude du
Lancet a
étudié la mortalité des patients selon les critères de qualité du "ROSP
anglais", 10 ans avant et 6 ans après leur mise en place. Les auteurs
ne retrouvent pas de baisse significative de mortalité sur ce critère de
jugements (bien que la mortalité baisse quand même un peu). Je laisse
les politiciens méditer là dessus.
Parlons de thérapies complémentaires (terme que je préfère à médecine alternatives ou autres, mais ce n'est pas l'objectif du billet). Une
étude britannique, publiée dans le journal de la société royale de médecine, s'est intéressée aux médecins prescrivant de l'homéopathie. Les auteurs ont retrouvé que moins de 10% des médecins en prescrivaient mais que les indicateurs de qualité des soins était moins bon chez les médecins prescrivant de l'homéopathie que chez les médecins n'en prescrivant pas. Alors, il y a certainement plein de biais, c'est comme dire que les médecins français qui touchent le moins à la ROSP sont plus fréquemment homéopathes. Mais dans cet articles, les critères de qualité des soins semblent bien plus fiables et sont disponible sur internet sur le site:
https://openprescribing.net . En gros, c'est un site, où n'importe qui peut taper le nom de son médecin, et où on peut voir ses prescriptions d'antibiotiques, de benzo, de statines, d'IPP etc...
Le journal britannique de médecine général a évaluer la sécurité des
intervention chirurgicales mineures effectuées
par les médecins généralistes. Les auteurs retrouvent que ces
interventions semblent sures et d'autant plus sures que les médecins
travaillent en réseau.
Cette
étude qualitative publiée dans le BJGP a étudié le versant "patient" du
gut feeling
du médecin. De manière assez intéressante, les patients considèrent le
gut feeling comme une composante à part entière de la relation
médecin-patient et pensent qu'il est fondé sur les connaissances du
médecin, et donc plutôt fiables et qu'il s'inscrit bien dans la
problématique des soins de premier recours, avec des symptômes parfois
flous ou hors du cadre. Il serait intéressant d'évaluer dans nos
pratiques le nombre de fois où on a recours à notre intuition et de voir
si celle-ci était pertinente a posteriori. Ils ont aussi rapporté leur
propre expérience du Gut feeling, qui les a parfois amenés à consulter,
sans forcément oser parler de ce sentiment intense que quelque chose
n'allait pas à leur médecin.
Parlons gut feeling et cancer: un
premier article,
qualitatif, a exploré à travers des entretiens semi-dirigés, le rôle du
gut feeling dans les consultations faisant évoquer un cancer. Comme
d'autres
études sur
le gut feeling, les généralistes lui ont donné une place d'expertise,
tissée au fil du temps avec l'expérience du généraliste. Il permet de
décider dans l'incertitude dans la zone grise entre le normal et le
franchement pathologique, là où les recommandations trouvent mal leur
place. La limite principale pouvait être le surdiagnostic ou la création
d'anxiété chez le patient. Le
versant quantitatif
retrouve que ressentir un gut feeling faisant craindre un cancer lors
d’une consultation est associé à une augmentation du risque de
découverte de cancer multiplié par 4. Le gut feeling se manifestait
alors par une "intuition" , une "sonnette d'alarme", une "inquiétude",
une "suspicion", une "boule dans l'estomac" ou des "poils sur la nuque".
Cette semaine, on sort les archives d'articles et nous nous intéressons à un
article qui date déjà de 2009, abordant le gut feeling, sujet peu abordé sur le blog. Pour rappel, le
gut feeling c'est
cette intuition qu'on peut ressentir en consultation, ces fois où on
est amenés à demander un bilan parce qu'on ne "le sent pas", parce qu'on
a ce truc au fond de nous qui nous mène dans cette direction, cette
alarme bidale. Pour revenir à l'article, 4 focus group ont permis
d'interroger des MG hollandais pour essayer de comprendre les composants
du gut feeling. Familier des MG interrogés, le gut feeling
s'installe rapidement et intuitivement en consultation. Pour eux, il
comporte 2 versants: l'alarme ("quelque chose ne va pas") et la
réassurance (sans forcément comprendre tous les enjeux, l'état clinique
du patient semblait rassurant). C'est une boussole qui guide les MG dans
leurs décisions, avec parfois des erreurs de jugement qui diminuent
avec l'expérience et la formation des médecins. Véritable outil pour
gérer les situations complexes, il s'affine avec la connaissance des
patients et l'expérience des médecins. Leurs émotions peuvent interférer
sur sa qualité. La plupart des MG interrogés l'utilisaient,
consciemment ou non, en consultation. Parfois, des MG préféraient le
mettre en sourdine : pour certains il s'agit de s'accrocher à des
éléments rationnels, pour d'autres il s'agit d'une difficulté à gérer
l'incertitude, pour d'autres encore la peur du jugement de leurs pairs
en cas de demande de bilan sans élément rationnel.
Cet
article aborde
le dépistage des emplois précaires en médecine générale grâce à 3
questions rapportant chacune 1 point. Ce PEPSO score a une sensibilité
de 40% et une spécificité de 90% en cas de score de 2 ou 3 (et si 1, 2
ou 3 : se 82% et sp 55%). Voici les questions:
- Occupez-vous actuellement un emploi occasionnel, de courte durée ou temporaire ?
- Craignez-vous d'être licencié si vous soulevez des problèmes liés à l'emploi ?
- Votre salaire varie-t-il beaucoup d'un mois à l'autre?
C'était court, comme je l'avais annoncé. Je finirai sur le rapport du conseil de l'ordre des médecins sur la place du "
médecin dans la société de l'information et de la communication"
qui revient sur la publicité, la déontologie et l'e-réputation du
médecin sur internet et les réseaux sociaux. Des réflexions du CNOM qui
me poussent à ne pas modifier mon pseudonyme et à ne pas sortir
officiellement de mon relatif anonymat.
Pour commencer, voici une bonne nouvelle pour les patients souhaitant souscrire à une
assurance pour
un prêt (et leur généralistes). D'abord, le droit à l'oubli pour les
patients ayant eu un cancer ou une hépatite C est réduit de 10 à 5 ans.
Ensuite, le questionnaire médical ne sera plus requis pour souscrire à
un prêt immobilier de moins de 200 000 euros quand il peut être
entièrement remboursé avant 60 ans
Il nous faut parler de la "Top 5 list" française des
examens médicaux ou traitements médicaux souvent prescrits en médecine
générale en France et dont la balance bénéfice/risques n'est pas
satisfaisante:
- la prescription d'antibiotiques dans les bronchites, rhinopharyngites, grippes et otites séreuses
- le dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage du PSA sans information éclairée des patients
- la prescription d'anticholinesthérasiques dans les troubles mnésiques
- la prescription de statines chez les sujets âgés en prévention primaire
- la prescription de benzodiazépines pour l'anxiété généralisée, l'insomnie et chez le sujet âgé
Il
est intéressant de regarder les autres points à éviter même s'ils ne
sont pas dans le top : les analogues de DPP-4 dans le diabète, la
prévention de la grippe par homéopathie, les antitussifs et expectorant
pour la toux, les IPP aux long cours sans indication précise, les
vasodilatateurs dans l'AOMI, le tramadol chez le sujet âgé, le scanner
dans la lombalgie de moins de 6 semaines (à noter que c'est l'IRM qui
est recommandée par la HAS mais
c'est probablement pareil sur les bénéfices), l'allopurinol dans
l'hyperuricémie asymptomatique, les AINS dans les infections des voies
aériennes supérieures et la mammographie systématique sans information
éclairée des patientes.
A noter, cette Top List a été proposée aux utilisateurs de GrippeNet/CovidNet et retrouve des résultats
légèrement différents. En effet, l'homéopathie en prophylaxie
antigrippale se place en 3e position dans la liste. Être acteur de la
surveillance d'une maladie semble donc orienter les résultats vers ceux
en rapport avec la maladie en question.
Une étude transversale
a interrogé environ 900 médecins généralistes concernant les aspects
éthiques d'une déprescription médicamenteuse chez un patient avec
démence modérée. Les deux freins principaux à la déprescription étaient
"le ressenti d'efficacité symptomatique du traitement par l'entourage"
et "la prescription du traitement par un autre médecin", que ce soit
pour un risque augmenté d'effets indésirables ou pour un bénéfice
limité.
Un article du JAMA parle de la
déprescription des médicaments inutiles.
Les auteurs décomposent la déprescription en 5 étapes: revoir les
bénéfices de la prescription de chaque médicament, réévaluer les risques
de chacun des produits, faire la balance bénéfice-risque pour la
poursuite de la prescription, retirer progressivement les médicaments
dans l'ordre en commençant par celui avec les risques les plus élevés et
surveiller l'évolution clinique du patient.
Parlons d'une
intervention basée
sur des supports d'aide à la décision clinique pour les médecins et qui
a permis de réduire les prescriptions de PSA après 75 ans, d'ECBU non
justifié après 65 ans et de sur-traitement glycémique chez les
diabétiques après 75 ans. Ces réductions de prescriptions ne se sont pas
accompagnées d'augmentation des hospitalisations (il y avait juste un
peu plus de patients avec HbA1c > 9%)
Voici un article du
Jama Internal Medicine concernant la désintensification dans les recommandations. Les
auteurs ont effectué une revue systématique de recommandations. Ils en ont trouvé 37 qui correspondaient à des situations pour
lesquelles la désintensification améliorerait l'état des patients ou
concernant l'arrêt de traitement à la balance bénéfice-risque
défavorable. On y retrouve le dépistage de la vitamine D, les
prescriptions de benzodiazépines, les traitements sans preuve du diabète
ainsi que les objectifs d'HbA1c, les dépistage ECG chez les patients à
faible risque, le dépistage trop fréquent du cancer du colon...
Je vais parler de la fiche canadienne sur la
déprescription.
Elle explique aux patients (canadiens, mais en français) ce qu'est la
sur-prescription et les intérêts de déprescrire. Il faudrait peut être
avoir une fiche similaire avec des chiffres français pour en distribuer
aux patients et les inciter à la réflexion.
Il est proposé
des algorithmes pour déprescrire les IPP, les anti-diabétiques, les benzodiazépines et les anti-psychotiques!
La liste des traitements à éviter et à débuter chez les patients âgés (
STOPP-START) a été mise à jour.
Voici les points les plus importants. Après, y'a quand même de quoi douter de la fiabilité des résultats car on peut lire qu'il faut considérer les anti-Alzheimer en cas de démence....

Une équipe canadienne a publié une étude dans
Plos One concernant
les médicaments à déprescrire en priorité chez le sujet âgé. Le groupe
ayant sélectionné les médicaments était constitué de 34 pharmaciens, 7
généralistes, 5 gériatres et 7 infirmiers/ères. Les médicaments
sélectionnés différaient selon les professions, mais une liste de 13
médicaments a été élaborée:
La dé-prescription est toujours au cœur de la médecine générale. Une méta-analyse du
BJGP a retrouvé que la dé-prescription raisonnée était plutôt sure pour les patients. Les médicaments cardiovasculaires étaient le plus facilement dé-prescrits avec les anti-Alzheimer. La dé-prescription de médicaments psychiatriques était souvent associé à un échec et à une reprise des traitements après.
Dans sa croisade contre l'utilisation des benzodiazépines de façon prolongée, la HAS a publié un
document d'aide
à l'arrêt pour les médecins généralistes. Outre les banalités
habituelles, le document comporte notamment l'échelle ECAB qui permet
d'évaluer la dépendance du patient pour les benzo, et ça, c'est
certainement l'élément le plus déterminant de la prise en charge!
Un
essai randomisé
hospitalier à inclus des patients de plus de 50 ans avec au moins 5
médicaments dans un groupe "déprescription après revue par
pharmacien/infirmier" ou soins courants. Les patients du groupe
intervention ont pu voir leur nombre de traitements davantage réduit,
permettant une réduction des prescriptions inappropriées et de leur
fardeau lié au traitement (mais à 3 mois, pas d'effet sur les
réhospitalisations ou les effets indésirables). Les traitements
interrompus étaient majoritairement (dans l'ordre): des vitamines, des
laxatifs, des antihypertenseurs, des anticoagulants/anti-agrégants, des
antalgiques (non opioïdes et opioïdes), des antidiabétiques et des
anti-acides.
Une
cohorte de
patient en Ehpad a été analysée de sorte à réaliser un "emulated
trial". C'est un joli mot pour dire qu'ils ont comparé les patients
ayant ayant un anti-hypertenseur et ceux chez qui le traitement
anti-hypertenseur a été récemment diminué ou arrêté après les avoir
appariés sur de nombreuses caractéristiques pour qu'ils soient
similaires, "simulant ainsi un essai randomisé". Les auteurs trouvent
que 10.8% patients ayant eu une déprescription d'anti-HTA avaient un
déclin cognitif versus 12.1% dans ceux ayant eu un traitement stable.
Les auteurs concluent que déprescrire peut ralentir le déclin cognitif
notamment chez les patients ayant déjà des troubles mnésiques. En vrai,
on voit surtout que les patients du groupe déprescription avaient
124mmHg de PAS et ceux du groupe traitement stable avaient 129mmHg de
PAS. Ce qu'il faut surtout revoir, contrairement à ce que prônent les
recommandations actuelles, ce sont les cibles de PA qui devraient être plus élevées chez les patients de plus de 70 ans.
Est-ce vraiment "le mal" de déprescrire les traitements cardiovasculaires? Une
étude de
non infériorité Néerlandaise a déprescrit les traitements
antihypertenseurs et anti-dyslipidémiques de patients à faible risque
cardiovasculaire dans un essai contrôlé randomisé en cluster. Les
patients devaient avoir un traitement dont l'indication n'était pas
formelle selon les recommandations locales. Ainsi, ils avaient un SCORE
"pré-traitement" estimé a 7% en moyenne et à 5% prédit à 10 ans sous
traitement (ce qui est tout de même plutôt haut!) Les auteurs ont mis en
évidence qu'il n'y avait pas d'augmentation du risque cardiovasculaire 2
ans après la déprescription quand elle s'était prolongée (+2% de risque
dans le groupe déprescription versus +1,9% dans le groupe contrôle),
même si la tension était légèrement plus élevée (+4mmHg) et de même pour
la dyslipidémie (+0,07g/L de cholestérol total). Ainsi, déprescire sans
risque d'augmenter le risque cardiovasculaire est tout a fait faisable
quand on cible les traitements non recommandés (et c'est peut être pour
ça qu'il ne sont pas recommandés!)
Les
IPP sont couramment prescrits en dehors de leurs indications ou à des
doses non recommandées pour l'indication sur des longues périodes. Leurs
effets secondaires comportent des troubles cardiaques, un augmentation
d'infections digestives et pulmonaires, des anémies carentielles et
surtout des modifications d'absorption d'autres médicaments (La Revue Prescrire, Guide des interactions médicamenteuses 2014). Alors, pour s'attacher à essayer de les diminuer chez les patients n'en ayant pas forcément besoin, mieux vaut faire une décroissance progressive qu'un arrêt brutal.
Cette
étude
qualitative s'est intéressée au lien ville-hôpital dans les
prescriptions/déprescriptions de médicaments chez les sujets âgés et
plus précisément sa perception par les généralistes australiens. Les
généralistes interrogés en focus groups et en entretiens individuels ont
rappelé l'importance d'être impliqués et informés des raisons de
changement de prescription décidés au cours d'un passage à l'hôpital
pour leurs patients, connus de longue date. Ils ont émis le souhait de
prendre part à la décision, y compris au moment de l'hospitalisation, en
étant contactés plutôt par téléphone avec lettre de liaison
dématérialisée à la sortie de l'hospitalisation pour pouvoir poursuivre
le traitement décidé conjointement en sortie d'hospitalisation.
Améliorons la communication dans nos courriers et échanges sur les
indications de nos traitements et les motifs de déprescription.
Voici un
article canadien
concernant les pratiques inappropriées en médecine générale. On y
trouve des pratiques sous-utilisées (protéinurie/fond d'oeil/examen des
pieds chez les diabétiques, les statines dans la maladie rénale
chronique), et des pratiques sur-utilisées (le frottis cervical trop
fréquent, le dosage de TSH etc...). Les tableaux 2 et 3 sont très
intéressants! Voici les autres articles de la semaine, bonne lecture !
Un article du
JAMA a mis au centre de la prévention quaternaire: les pharmaciens. Ainsi, des patients ont été randomisés dans un groupe contrôle ou un groupe intervention consistant à une action du pharmacien pour déprescrire les médicaments de la liste de Beers chez les plus de 65 ans. Il y avait un risque diminué de 70% de prescription inappropriée dans le groupe intervention, soit un NNT de 3,2: tous les 3 patients, le pharmacien arrivait à supprimer un traitement inapproprié! Il n'y a pas d'effets "indésirables" décrits ou recherchés, c'est dommage, mais on part du principe que les médicaments de la liste de Beers sont inutiles à cet âge.
Le
NEJM s'est
intéressé aux prescriptions à risques en soins primaire, à savoir les
AINS et les anti-agrégants plaquettaires. Les auteurs ont conduit une
étude randomisée en clusters pour des praticiens subissant 48 semaines
d'interventions d'amélioration des pratiques avec une date de début
variable. L'étude retrouve une diminution de plus de 30% des patients
exposés aux prescriptions à risques dès le début des interventions et un
bénéfice qui se prolonge 1 an après la fin. Mais 48 semaines de
formation c'est long quand même....
des
auteurs ont
créé une liste de 8 questions à se poser avant de re-définir une
pathologie. Ça intervient dans le cadre de la prévention du
surdiagnostic, car comme on peut le voir, les modifications de
définitions ont surtout tendance à augmenter la prévalence des
maladies... pas toujours dans l'intérêt du patient.
Thermomètre
Le
BJGP a comparé les méthodes de mesure de la température chez les enfants de moins de 5 ans en s'intéressant aux thermomètres sans contact infra-rouges, aux thermomètres axillaires (et tympaniques). Les auteurs retrouvent une différence de 0,14°C entre les thermomètres sans contact et les thermomètres axillaires, ce qui est plutôt bien, mais il y avait des variations allant de -1,57°C à +1,29°C, ce qui est quand même beaucoup. Les résultats pour les thermomètres tympaniques étaient similaires. Bref, les mesures de températures sont toujours aussi variables selon les instruments...
Une étude a étudié les différents moyens de
prise de température, opposant les prises de températures périphériques (tympanique, axillaire, orale et temporale) aux prises centrales (recale, sonde urinaire, cathéter central). L'étude retrouve que les prises périphériques ont une faible sensitibilité (64%) mais une excellente spécificité (96%). En clair, si le thermomètre périphérique retrouve de la fièvre, il est fiable, et s'il ne retrouve pas de fièvre, on ne peut l'exclure. Les auteurs sont un peu plus strictes en disant qu'il ne faut donc pas utiliser de thermomètre périphérique... et vive les ulcérations anales sachant qu'il faut introduire le thermomètre de 2.5cm!)
Bien que la fièvre soit définie comme une température > 38°C, la
température "normale"
des personnes varie. Elle est supérieure chez les hommes par rapport
aux femmes d'environ 0,1°C, varie au cours de la journée +0,2°C entre 8h
et 16h et diminue de 0,15°C entre 25 ans et 80 ans. Bon, au final, ça
ne varie pas tant que ça !
Dynamomètre
Devrait-on s'équiper d'un dynamomètre pour mesurer la force musculaire de nos patients? Une étude du
BMJ retrouve que chez des patients jeunes (de 56 ans en moyenne) suivis pendant 7 ans environ, une baisse de force musculaire était associée à une augmentation de la mortalité globale, de la mortalité cardiovasculaire, des maladies respiratoires dont la BPCO et des cancers (colo-rectal, sein et poumon). La force musculaire est déjà intégrée dans les critères de Fried pour la fragilité des personnes âgées, donc ce ne sont pas des résultats très surprenant. Reste à voir comment les exploiter en médecine de ville.
Oxymètre
Un article d'
Annals of family medicine a évalué la précision des oxymètres de pouls labellisés "non conçu pour un usage médical". La sensibilité et spécificité de ces oxymètres pour dépister une SpO2<90% est de 80% et 96% respectivement, et leur VPP et VPN dans l'étude était de 33% et 99%. Ainsi, ils semblent être tout à fait acceptables pour éliminer une hypoxémie lorsqu'ils sont utilisés par des patients.
Voici un
texte parlant des différences entre le statistiquement significatif et le cliniquement pertinent. Dit comme ça, ça semble évident, pourtant de nombreux articles concluent sur une différence statistique malgré le manque de pertinence clinique.
PlosOne a publié une étude révélatrice
du problème posé par les patients de médecine générale. Ou plutôt, le
problème des études industrielles : les patients BPCO des grandes études
sur le sujet ne correspondent pas aux patients suivis en ville, qui
sont pourtant la grande majorité des patients BPCO traités. Nos patients
de ville sont plus âgés, moins sévères. Seuls 17% des patients suivis
en soins primaires seraient éligibles pour les études industrielles ! La
recherche en médecine générale, sur des populations de patients qui ne
soient pas sur-sélectionnés est un élément incontournable dans
l’évolution de notre profession.
Rappelons-nous que les essais contrôlés randomisés n'ont de valeur que pour les patients à qui ils sont applicables! En effet, ce
BMJ de Noël a publié un essai concernant l'utilisation du parachute en sautant d'un avion versus sac à dos vide. Parmi les 92 passagers randomisés, il n'y avait pas plus de décès ou de blessures sévères dans ceux ayant sauté sans parachute par rapport à sauter avec parachute. Les parachutes n'ont donc pas d'efficacité quand on saute d'un avion... mais les participants étaient en moyenne à 0,6m de haut au moment de l'inclusion, contre 9000m chez les participants n'ayant pas donné leur consentement pour participer à l'étude. Il est donc difficile d'extrapoler l'inutilité des parachutes en sautant des avions à d'autres situation qu'un saut de moins d'1 mètre de haut.
Une étude du
BJGP s'est
intéressé à la complexité en médecine générale. Grâce à une méthode
Delphi, les auteurs ont relevés 34 indicateurs de situation complexe
(comme "patient dément", "violences conjugales", "symptômes médicalement
inexpliqués", "dépendance alcoolique"...) Ainsi, les consultations
complexes étaient plus longues que les consultations non complexes
(environ 1 minute de plus), et représentaient 42% des consultations de
médecine générale.
Pour
commencer, je rappellerai que les études ne sont généralement pas des
conditions de vie "réelle": les patients sont sélectionnés et il faut
garder ça en tête. Une étude du
BMJ open vient
nous le rappeler en retrouvant que 79% des études excluent les patients
avec des comorbidités, alors que plus de 70% des patients que nous
suivons sont multimorbides.

Pour finir, une étude portant sur la multimorbidité a été publiée dans le
BMJ open.
Les auteurs retrouvent que les patients avec 3 maladies chroniques
prennent d'après les recommandations 6 à 13 médicaments différents, et
nécessiteraient de 50 à 70 heures par mois pour prendre en charge leur
santé! Je vous laisse méditer sur cette représentation graphique du
temps hebdomadaire pour leur santé selon les polypathologies:
Mais
avant de commencer, je voudrais reparler de nombre de sujets nécessaire
à traiter (NNT). Souvent, dans les articles, j'en viens à calculer les
NNT s'ils ne sont pas énoncés pour voir de façon plus "pragmatique"
l'efficacité du traitement. Et, souvent encore, je râle un peu en disant
qu'il faut traiter est de 200 patients patients par an pour sauver une
vie. Mais voyons un peu les
NNT d'interventions "valides":

On
voit bien qu'en dehors de l'arrêt du tabac, de l'activité physique et
du contrôle tensionnel avec diurétiques, les NNT des autres traitements
sont assez élevés: en post infarctus, 120 pour les bêta-bloquants et 143
pour l'aspirine, et plus de 2000 pour les AVK en cas de fibrillation
auriculaire!
Si
vous vous intéressés aux autres NNT pour mettre en parallèle les
interventions "novatrices" à des interventions plus anciennes, je ne
peux que vous recommander le site "
The NNT"!
Enfin, pour la rédaction d'articles, les recommandations "
RECORD"
ont été publiées dans PlosOne, et concernent la rédaction d'articles
parlant d'études observationnelles issues de recueil de données de façon
"courante". Elles font suite aux autres recommandations plus classiques
telles que "
CONSORT" pour les essais contrôlés randomisés et "
STROBE" pour les études observationnelles (et les autres, je ne les ai plus en tête...)
Voici sur une petite aide à la lecture d'articles tirée d'un billet de la semaine d'
Hervé Maisonneuve.
Il parle des articles rétractés et retrouve que ceux qui le sont ont
plus souvent: des contradictions entre des affirmations, des erreurs
arithmétiques, et des p manquants. L'impact factor n'avait pas d'effet,
comme quoi, tout le monde
peut publier de la.. peut avoir à rétracter ses articles! Mais de façon simple, on peut aussi juger un article comme ça:
Des chercheurs ont
fait lire 4 comptes rendus d'hospitalisation à des patients, en
remplaçant aléatoirement 2 des 4 (pas toujours les mêmes donc) par des
CR retravaillés par chat-GPT. La compréhension était améliorée avec les
CR issus de chat-GPT avec une efficacité plus importante dans les
populations ayant historiquement une plus faible littératie (sujets
noirs, hispaniques, patients âgés et hommes). C'est un exemple de sujet
de thèse qu'il serait facile de refaire en France...
Le BMJ aborde
l'utilisation de l'IA au cabinet: 20% des médecins l'utilisent. Les
auteurs commencent par alerter sur l'utilisation d'outils non dédiée à
la médecine qui pourraient faire courir un risque pour le patient. Les
médecins restent responsables de leurs diagnostics et des prises en
charge proposées aux patients. Ainsi, la vérification complète des
informations données est indispensable. En effet, les IA peuvent avoir
des hallucinations, des biais et ne pas avoir accès à certaines données
Un article intéressant de Nature human behavior
aborde le "toucher" et trouve que "toucher" améliorer la prise de poids
et la douleur des nourrissons, et réduit les émotions d'anxiété et de
dépression chez l'adulte. Les bénéfices sur la santé physique étaient
similaires que le toucher soit par un humain ou par un robot, mais
l'humain améliore davantage la santé mentale. Pas de différence non plus
entre un toucher effectué par un proche ou un professionnel de santé,
sauf chez les nourrissons pour lesquels le contact parental était plus
bénéfique. Une explication à "l'efficacité" de l'ostéopathie? Faut-il
resserrer la main aux patients?
Pour finir, voici un essai randomisant
le placement du médecin dans la chambre du patient durant un entretien.
Il se trouve qu'être assis a côté du lit permet davantage de
satisfaction et une meilleure communication médecin patient qu'avec une
chaise à l'autre bout de la chambre. Maintenant,
on pourrait faire la même chose en cabinet de MG, en comparant la
présence d'un bureau ou non entre le patient et le médecin! (Sachant
qu'une étude quali parue dans Exercer avait
montré une bonne acceptabilité pour les médecins et les internes de
l'absence de bureau séparateur, considérant l'écoute comme un soin avec
la limite de la gestion des patients considérés comme difficiles.)
Ce BMJ aborde
le sujet avec un tableau par ethnie, la couleur de la case
correspondant à un gradient d'incidence dans la colonne de droite (plus
c'est foncé, plus c'est élevé). Bonne lecture !
Cet article du BJGP classe
les MG en 5 catégories de motivations: "appartenir à une classe et pas
tant l'argent" (53%), "à peu près tout"(26%), "aider les autres" (9%),
"le travail" (8%) et "l'argent et le patient" (4%).
Parlons de la personnalité des
médecins: les médecins seraient plutôt agréables, extravertis et
consciencieux mais aussi névrosés. Bon c'est une étude australienne, il
faut voir à quel point c'est extrapolable en France.
On avait parlé du froid la semaine dernière, on continue avec un article mettant
en évidence un excès de mortalité cardiovasculaire associée aux jours
"les plus chauds et les plus froids", avec un sur-risque de 2 morts pour
1000 les jours chauds et 9 morts pour 1000 les jours froids (le froid
semble donc plus dangereux que le chaud). Bonne lecture ! (même si on a
perdu la finale...)
Le Heavy Metal est un enjeu national finlandais. Ainsi, une étude de
cohorte de près de 4 millions de personne a regardé la mortalité des
habitants selon la densité de groupes de heavy métal dans la commune.
Après ajustement sur le niveau socio-économio-culturel, il y avait une
moindre mortalité dans les communes avec une forte densité de groupes de
heavy métal. D'après les auteurs, cela contribuerait à promouvoir la
santé par des modes de vie plus sains et un sens plus fort de la
communauté!
Continuons avec la chanson “1-800-273-8255”
de Logic qui aborde le suicide. La sortie de cette chanson s'est
accompagné d'une augmentation des appels de la ligne d'aide Lifeline de
10 000 appels (+7%) et les auteurs ont retrouvé une réduction de 245
décès par suicides (5.5%) par rapport au nombre attendu sur la période.
Pour finir, que vont devenir les
super héros Marvel?
Un point positif, ils suivent globalement bien les règles
hygiénodiététiques recommandées en faisant beaucoup d'activité physique,
ils ne fument pas et ne boivent pas (enfin sauf Thor). Ils sont
également socialement bien intégrés ce qui permet de réduire leur risque
de démence, mais ce risque est augmenté par les nombreux traumatismes
physiques et psychologiques qu'ils subissent (et il y a un risque de
surdité compte tenu de l'exposition répétés aux bruits importants comme
les explosions). Et sinon, on peut craindre de Bruce Banner (Hulk), une
survenue de trouble du rythme cardiaque car sa fréquence dépasse 200bpm
pour qu'il se transforme en Hulk et son IMC est alors de 120kg/m² (pas
top)!
Commençons par parler d'un article étudiant
la pertinence des diagnostics effectués par les généralistes et dermatologues
sur Twitter et
MedPics par rapport à des télédermatologues classiques. L'étude
retrouve que les diagnostics sont aussi bons et concordants par les 2 méthodes,
mais il faut quand même faire attention aux risques concernant la sécurité des
données sur les réseaux sociaux.
Pour commencer parlons de cet
article qui
retrouve que les patients qui consultent le week end ou en soirée dans
les centres de soins sans RDV ont une probabilité plus importante de
reconsulter dans les 7 jours aux urgences que ceux qui ont consulté dans
un cabinet médical de groupe auquel appartient le médecin traitant du
patient (sans avoir vu leur MT)
Abordons la
télémédecine
avec une étude qui a comparé les soins reçus par des patients
consommateurs "importants" de télémédecine versus les consommateurs
"rares" de télémédecine. Les utilisateurs de télémédecine faisaient plus
de consultations, et avaient moins d'examens "peu utiles" (bilans
métaboliques, ECG de dépistage, imagerie pour lombalgie aiguë, PSA) mais
on voit qu'ils avaient aussi moins de dépistage du CCR et moins de
frottis, considérés comme de faible valeur par les auteurs... mais
l'absence de prise en charge globale et de prévention semble donc encore
mise en évidence dans cette étude qui n'étudie pas les soins utiles qui
ne seraient pas réalisés en télémédecine par rapport à des
consultations présentielles.
Parlons d'un
article d'annals
of family medicine concernant la téléconsultation et la consultation
par téléphone. Les patients interrogés étaient satisfaits de leur
expérience à distance, avec des scores à 75% environ. Mais dans le
détail, si la qualité de la relation avoisinait les 85%, la qualité des
soins n'était qu'à 66% et la prise en charge globale à 50%! Bref, les
gens sont contents car seulement 5% ne souhaitait pas refaire de
consultation à distance, mais la qualité des soins et la prise en charge
globale ne sont pas au RDV (c'est quand même une grande partie de la
MG)
Un
article canadien
aborde le remodelage des soins primaires. Dans cette étude qualitative,
les médecins pensaient que les téléconsultations pouvaient parfois être
pratiques mais pouvaient être aussi inappropriées et responsables de
sur-consommation des soins. Ils semblaient préférer les échanges de
messages asynchrones pour des raisons de flexibilité.
On avait déjà parlé
télémédecine et
surprescription d'antibiotiques à l'époque d'avant le Covid. La
téléconsultation s'étant globalement installée, comparons via cette
étude les
prescriptions d'antibiotiques par les plateformes de téléconsultation
versus les médecins traitants répondant aux demandes de leurs patients
en téléconsultation. Cette étude rétrospective a inclus 27 000 enfants
téléconsultant pour infection des voies respiratoires. Parmi ceux ayant
vu un médecin généraliste, 29% ont eu des antibiotiques versus 37% par
les plateformes de téléconsultation. Cependant, il y avait autant de
prescriptions d'antibiotiques non concordantes aux recos dans les 2
groupes (environ 5%).
Parlons un peu de consommation de soins et d'une étude rétrospective parlant de téléconsultation. Les enfants de 0 à 17 ans consultant pour des infections respiratoires avaient plus souvent des antibiotiques lors de téléconsultations que lorsqu'ils étaient vus par des médecins en ville. De plus, les antibiotiques prescrits lors de téléconsultation étaient moins souvent conformes aux recommandations. Voilà, vous en faites ce que vous voulez.
Le
CNOM a
publié un avis concernant les mésusages de la télémédecine. Il insiste
sur l'importance de la connaissance préalable du patient, s'oppose aux
plateformes commerciales de téléconsultations "illégales" si elles ne
sont pas ancrées dans une organisation territoriale.
Dans cet
article
comparant des consultations de télémédecine et des consultations
présentielles sur les traitements prescrits et les visites suivant la
consultation, il y avait moins de reconsultation après une consultation
présentielle (1% vs 7%). Cependant, il y avait plus de traitements
prescrits en présentiel (47% des consultations versus 38% des
téléconsultations), on peut donc penser qu'on prescrit trop en
présentiel? Mais en voyant un pourcentage plus élevé d'antibiotiques en
présentiel pour les consultations de "lombalgie" ou encore "consultation
psy", on peut se demander si la consultation présentielle ne traite pas
plusieurs motifs alors que la téléconsultation n'en traite qu'un, ce
qui peut expliquer la différence de nombre prescriptions!
Parlons un peu de presque-nouvelles technologies: la télémédecine. Les
consultations de télémédecine se dont développées pour pallier le manque
de médecins, les coups trop cher des consultations (je précise que
l'étude n'a pas été faite en France...) . Dans l'étude,
les "télé-patients" étaient un peu plus jeunes que les
"patients-physiques", avaient moins de pathologies chroniques et n'était
pas différents sur le lieu de vie (rural/urbain). Il y avait une
augmentation non significative des prescriptions d'antibiotiques chez
les télé-patients (58% vs 55% , p= 0.07) pour les infections
respiratoires (hautes et basses), la différence devenant significative
dans les sous groupes pharyngite, grippe et sinusite. Alors pourquoi est
ce qu'on arrive à un résultat non significatif dans l'ensemble: parce
que les patients-physiques recevaient 3 fois plus d'antibiotiques pour
les otites moyennes (en même temps, l'examen du conduit auditif en
télémédecine, j'ai du mal à le visualiser...). Enfin, notons qu'il y
avait un peu plus d'antibiotiques à spectre large chez les
télé-patients, ce qui ne doit pas non plus aider à lutter contre les
résistances.
Ça y est, les machines peuvent être meilleures que les hommes ! C'est ce que cette
comparaison entre une technologie Google et des dermatologues retrouve pour la 1ere fois. Mais dans le domaine de la dermatologie, c'est plus de la "banque" de données que de la démarche diagnostique.
Comment ne pas aborder la puissance de l'intelligence collective par rapport aux prises de décisions individuelles dans l'établissement de diagnostics. C'est ce que cette étude du
JAMA confirme, alors continuons à utiliser les #DocsTocToc et #Doctoctoc sur Twitter pour s’entraider!
Pour ceux qui auraient des doutes sur la disparition de la profession de médecin face aux progrès des ordinateurs,
rassurez vous, on a encore un peu d'avance sur l'intelligence artificielle!
Tout d'abord, pour faire honneur à la médecine générale (ou au contraire , pour ne pas lui faire honneur), voila un
article sur la vision que la presse grand publique a de notre
spécialité: nous sommes des incompris en pleine crise identitaire dont
l'étendue et la profondeur de la profession est sous-estimée et
méconnue! Et Bam, pour commencer la semaine, ça fait plaisir. Comme quoi
il nous reste beaucoup de chemin à faire pour promouvoir la med' gé' et
ne plus entendre "si tu rates l'ECN, tu sera médecin généraliste" ou
"et tu vas te spécialiser après médecine générale?"
Pour finir, un peu d'information sur la désinformation télévisuelle. En
effet, les auteurs ont retrouvé que malheureusement, les recommandations
médicales énoncées dans les
émissions médicales américaines
sont à presque 50%, soit en contradiction avec les recommandations
officielles soit sans recommandation. J'ajouterai que dans ces
émissions, moins d'1% des recommandations énoncées étaient accompagnées
des conflits d'intérêt des intervenants... Voilà qui devrait faire
réfléchir les patients!
Tout d'abord, soyons transportés dans le monde de Disney, dans cet article expliquant
que les 7 nains sont probablement atteints d'un SAOS à favorisé par
leur achondroplasie. En effet, les symptômes du SAOS sont : la
somnolence (dormeur), l'irritabilité (grincheux), avec une perte des
contacts sociaux (timide). Par ailleurs, ne négligeons pas la rhinite
allergique d’origine professionnelle de "Atchoum". La princesse au petit
pois, quant à elle montre une hypersensibilité qui ferait évoquer un
trouble du spectre autistique et Peter Pan souffre malheureusement de
parasomnies.
Des chercheurs ont
proposé à Chat GPT, GPT-4o, Claude, Gemini 1 et Gemini 1.5 de répondre
à un test cognitif le MoCA. Force est de constaté, qu'à part GPT 4o,
les IA souffrent de troubles cognitifs débutants.
Enfin, un test nécessitant
un haut niveau de dextérité (cf image ci dessous) a été réalisé auprès
du personnel d'un hôpital. Les chirurgiens étaient les plus performants
pour réaliser le test, par rapport aux médecins, infirmier(ère)s et
staff non cliniques (pas de différences entre ces 3 professions). D'un
certain coté, c'est rassurant. Les chirurgiens étaient également ceux
qui juraient le plus pendant le test, et le personnel non cliniques
faisaient le plus de "bruits de frustration".
En
effet, si vous vous faites opérer, pensez à demander la date
d'anniversaire de votre chirurgien pour éviter d'être opéré à cette
date: d'après ce BMJ X-mas,
il y aurait un sur-risque de mortalité pour les patients (NNH = 76
quand même), à croire que le chirurgien aurait la tête ailleurs ce jour
là!
On y apprend aussi les risques de "la potion magique de George Bouillon"
d'après Roald Dahl. Grace à l'infographie, vous pouvez cliquer et
déposer divers ingrédients dans la casserole pour voir apparaitre les
probables effets néfastes que cela aura! (un guide presque digne d'un
centre anti-poison)
Il va falloir ajouter le terme "canino"
à la prise en charge bio-psycho-socio-culturo-spirituel. En effet, il
semble qu'avoir un chien diabétique de type 2 est associé à une
augmentation du risque de diabète de type 2 chez leurs propriétaires.
Enfin, si vous vous intéressez à la sémiologie neurologique et à l'Art, le signe de
Babinski est
présent dans plus de la moitié des peintures du petit Jésus à la
Renaissance. Je parie que personne ne lui a jamais cherché les
réflexes....
Dans le
BMJ X-mas
de cette semaine, on y apprend que les clowns sont efficaces pour
améliorer l’anxiété, le bien-être et la douleur des enfants hospitalisés
D'après le BMJ encore une fois, les généralistes ne sont mêmes pas représentés dans les "golfeurs", et les golfeurs médecins étaient des golfeurs de niveau moyen... mais les meilleurs sont les chirurgiens vasculaires!! Oui, cet articles est dans la rubriques "perspectives", parce qu'un jour on aura le temps de s'entrainer au golf également !
je vous invite à lire un article du
BMJ (qui se chauffe doucement pour les articles amusants de la X-mas edition) parlant des mythes médicaux en ayant cherché (en vain) des articles démontrant la véracité de ces mythes tels que "nous n'utilisons que 10% de notre cerveau", "les ongles poussent encore après la mort", "lire dans l'obscurité altère la vision..."
Si vous vous êtes toujours demandé pourquoi les méchants des films
avaient une sale tête, c'est tout simplement parce qu'ils ont des
maladies dermatologiques...
D'où la question: est ce que c'est le fardeau de leur maladie qui les
rends aussi nerveux, ou est-ce l'appartenance à un cluster de
personnalité particulier qui favorise l'apparition des pathologies? Vous
avez 2 heures...
Finissons,
avec un peu de légèreté, deux articles du BMJ édition Christmas qui
sont, comme chaque année, toujours aussi sympathiques:
-
Le rejet des lettres de rejet.
Tous les chercheurs y ont eu droit, à cette lettre qui vous dit que
"votre article ne peut être accepté parce que le sujet n'est pas
prioritaire pour la revue", que "la revue n'accepte que 20% des papiers
qui sont soumis", etc... Et bien voici la lettre de refus de ces rejets!
Calquée sur le modèle des lettres de rejet, elle permettra de se
défouler sur la revue en question! (Attention, il est probable que vous
soyez black listé de la revue...) A vos risques et périls!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire