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Blog médical et geek de médecine générale :
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » (Louis Pasteur)

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mercredi 28 décembre 2016

Jeux au coin du feu: Zombicide, Time Story, 7 wonders duels, Scythe, Caverna


Bonjour! Le père Noël et ses lutins ont certainement été généreux avec vous. Ils l'ont été également pour moi avec de nombreux jeux dont je vais vous parler. Les jeux de société, soit on aime, soit on a pas encore joué à un type de jeu qu'on aime! Il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les types de joueurs. Voici quelques perles du moment!



Commençons par un classique "Zombicide". Le thème est dans le titre: les zombies se répandent dans nos ville et vous êtes un des survivants. Je n'aurai pas la prétention de dire que vous allez sauver le monde, car, vous ne le ferez pas (et même si vous le faisiez, visiblement tout le monde s'en moque...). L'objectif est avant tout que vous surviviez! Alors, jetez la poêle à frire qu'on vous a donné, récupérez une batte de baseball ou un tronçonneuse, et allez massacrer du mort vivant à coup de dés!



Pour jouer de 2 à 4 en se plongeant totalement dans une aventure, TIME Story est le jeu qu'il vous faut. Un concept simple, narratif, dans lequel le groupe de joueur voyage à travers le temps pour résoudre une énigme. Les joueurs explorent un environnement, résolvent des énigmes, combattent des créatures surprenantes... En cas d'échec, c'est reparti pour la case départ, mais grâce à vos souvenir un échec n'est qu'un moyen de mieux préparer la reprise de la mission!



"Seven Wonders" est un jeu multi-récompensé depuis 2011, mais dont la version "2 joueurs" laissait un peu sur notre faim. Le jeu "7 wonders duels" a finalement vu le jour! Le "draft" de carte fait désormais place à une pyramide de cartes à choisir pour finalement composer sa cité en ayant soigneusement sélectionné ses ressources, construit ses bâtiments militaires, commerciaux, civiles et scientifiques. Un vrai jeu de duel où la réflexion et la stratégie sont indispensables mais avec une complexité abordable pour des non-experts en jeu de société. Simple, intéressant, relativement rapide, bref: incontournable!
  

Si on pousse un peu plus la stratégie autour d'un magnifique jeu de plateau, Scythe est le jeu 2016 à avoir.  Les règles sont un peu longue à comprendre, mais la mécanique est très bien huilée. Obtenir des ressources sur le terrain pour développer sa civilisation dans un univers "Europe de l'Est des années 20". Les actions permettent de faire évoluer le plateau de jeu personnel qui peut être différent à chaque partie. Il faudra faire des choix pour l'emporter: être aimé des population, être guerrier, ou atteindre des objectifs... Peut être un peu des trois: à votre tour, camarades!




Pour les plus experts, le classique "Caverna" est également incontournable. Pour le coup, il faudra plusieurs heures de jeu pour mener à bien une partie. C'est un jeu de gestion avec des interactions limitées (mais suffisantes) avec les autres joueurs visant à construire à la fois une belle ferme avec des champs et du bétail, et aménager l'intérieur de sa caverne (car, les joueurs interprétant des nains, ils vivent dans des cavernes!). Par ailleurs, le plateau de jeu et les figurines de bois rendent le jeu encore plus captivant!


Profitez bien de vos vacances, il n'est pas encore trop tard pour vous ruer sur un jeu à tester le soir de la Saint-Sylvestre!

@Dr_Agibus



dimanche 25 décembre 2016

Confessions d'un accro de la médecine

Joyeux Noël à tous!! Et comme je n'ai pas eu le temps de rédiger un DragiWebdo cette semaine (mais j'ai quand même mis de côté quelques articles pour le prochain numéro), voici une petite histoire compensatrice.... Bonne lecture!


21 octobre, 21h00: demande à Mme Dragibus de me vacciner
Refus et échec cuisant

21h15: auto-injection dans le deltoid gauche:
EVA 2/10 au moment de l'injection

23h00: apparition d'une pesanteur dans le bras gauche et le triceps (zut, j'ai du mal viser!)

22 octobre 9h00: réveil, douleur dans le deltoïde gauche et érythème local autour du point d'injection (c'est bon, j'avais bien visé! même si je suis pas sur que ça change grand chose en réalité)

23h: persistance de la gène au bras gauche et début de rhinorrhée (Ça y est, c'est le virus de la grippe qui agit! j'espère que la nuit me soulagera pour ne pas avoir un rhume d'homme)

23 octobre 4h00: réveil nocturne, je sens ma gorge qui me démange. J'hésite à aller prendre un Paracetamol (du Doliprane en l’occurrence). Devant la taille du comprimé et ma fatigue. Je renonce et m'enfouis sous mes couvertures "pour ne pas attraper froid" (je crois que c'est trop tard...)

8h30: réveil (oui, je me lève tôt le dimanche parce que mon adorable fille avait faim parce que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt!), je sens la rhinorrhée postérieure qui a œuvré toute la nuit, la bouche asséchée par la respiration buccale compte tenu de la congestion nasale que je subis.
Objectif: rapidement prendre un chocolat chaud, du miel et si ça ne va pas mieux, préparer du sérum physiologique, voire un Rhino Horn (aux grands mots, les grand remède!)

10h: avec l'occupation de la matinée, j'ai totalement oublié de prendre mes placebos, mais les symptômes vont mieux. Même le bras n'est quasiment plus engourdi. Quasiment...

24 octobre 20h56: j'ai complètement oublié de tenir ce journal. C'est probablement parce que je n'ai plus ressenti de gêne depuis le précédent rapport. D'aucun dirait que la non tenue systématique de ce carnet de bord pourrait être une source de biais dans l'évaluation des effets indésirables. Mais mon propre "case report" n'aura probablement pas de grand échos étant donné l'impact factor de mon blog (D'autres diront alors que les petits cours d'eau forment les grandes rivières, et que l'impact factor: c'est de la merde. Il n'auront pas tort.)

27 octobre 10h05: Cher journal, non je ne t'ai pas oublié, mais j'allais particulièrement bien, en dehors d'une rhinorrhée transitoire que je peux probablement rapporter au fait de me balader en T-Shirt alors que les températures ont chuté. Ainsi, la tolérance de ce vaccin anti-grippe me semble acceptable, étant donné que mes jours de souffrances ne se sont pas prolongés.

31 octobre 22h30: Alors que je relisais en détail les articles pour le Dragi Webdo de la semaine, je m’aperçois que cette injection dans le bras que je me suis auto-administrée ne repose sur rien. Certes, je savais que ça ne reposait déjà pas sur grand chose. Mais là, j'espère que je n'aurai pas un des multiples effets indésirable grave que j'ai pu lire sur doctissimo ( névralgie, convulsion fébrile, encéphalomyélite, névrite, vascularite avec atteinte rénale) . Nan mais sérieusement: ça fait flipper! je comprends que les patients ne soient pas pour se faire vacciner si on leur balance des noms terrifiants de la sorte sans information de fréquence, de causalité/plausibilité, ou de balance bénéfice risque! Et c'est valable pour les autres vaccins également (surtout, à vrai dire...). Heureusement, qu'en dessous, on peut lire "Tamiflu" et "Relenza". Ce sont visiblement des médicaments qui guérissent de la grippe pour quand on est pas vacciné, même que leurs multiples effets indésirables ne sont pas visibles facilement! C'est qu'ils doivent être efficaces et inoffensifs! Du moins, c'est ce que doit penser, à tord quelqu'un qui cherche a se renseigner sur la grippe...

8 novembre, 00h09: Cher journal, il est tard, je sais. Mais cela fait 3 jours que j'ai mal au bras gauche et je ne peux m’empêcher de penser à un début de myofasciite à macrophage lié au vaccin mais mon Vaxigrip ne contient pas d'aluminium. J'en conclus que c'est probablement une tendinite du long biceps (dû au portage de ma fille), même si les test de la coiffe des rotateurs ont une mauvaise sensibilité et spécificité... Donc ça n'exclue pas l'effet indésirable du vaccin!

21 novembre 21h21: Quand je repense à ceux qui me racontent leur épisodes grippaux, certains compliqués d'hospitalisation, je me dis que le bénéfice individuel n'est probablement pas nul. Le bénéfice collectif de la vaccination du médecin ambulatoire est plus incertain. En attendant, me voilà à J30, et toujours pas de grippe pour moi! Il faudrait que j'insiste auprès de ma grand mère qui est vraiment à risque, malgré ses refus quasi-catégoriques...

20 décembre, 18h12: J'avoue avoir complètement oublié que j'étais en train d'écrire ce billet depuis le mois dernier. Mais hier, une toux est apparue en soirée, suivie aujourd'hui d'une fièvre mesurée à 39,2°C en rectal en axillaire corrigée, et une grosse fatigue. Heureusement, le Paracetamol 1000mg que je possédais m'a permis de tenir la journée, mais demain: consultations. Aucun doute, c'est la grippe. (Ok, je n'ai pas de courbatures, mais peut être demain?) Ce foutu vaccin n'a pas marché du tout! A moins qu'il m'ait tout de même empêché une hospitalisation. Car c'est ce qu'il faut comprendre: le vaccin n'empêchera pas d'avoir la grippe, il empêchera (peut être, c'est loin d'être du 100%) d'avoir une grippe sévère hospitalisée. Après quoi, chacun fait son choix. N'étant pas particulièrement à risque, je travaillerai demain avec un masque pour vaincre ce rhume d'homme en étant fort comme une fille!

21 décembre, 19h50: J'ai fini mes consultations, sans retard. Je ne tousse presque plus, j'ai juste quelques frissons qui me surprennent de temps en temps. Je me considère comme quasi guéri!


Jusqu'à février, les messages "vaccinez vous!" inondent les journaux, réseaux sociaux et annonces télévisées. L'an dernier je n'avais pas été vacciné (pas le temps...), cette année je n'ai probablement pas évité une hospitalisation grâce au vaccin non plus (étant donné que je ne suis pas à risque). J'aurai pu tourner ce billet du style "j'ai été vacciné et ça n'a pas marché: la preuve que le vaccin est inutile et potentiellement dangereux!" ou inversement "heureusement que je me suis vacciné, sinon, j'aurai pu quasi-mourir". Mais, comme je n'ai pas de confirmation virologique sur mes abondantes sécrétions nasales, "on ne peux pas conclure"! La vaccination chez les professionnels de santé (de moins de 65 ans sans comorbidité) a pour but d'éviter la transmission aux patients fragiles examinés, le bénéfice n'est donc pas individuel. Au contraire, les patients avec co-morbidité le bénéfice est peut être faible comparaison du nombre de vaccin à injecter, mais si des hospitalisations sont évitées, pourquoi pas.

Réfléchissez, informez vous et surtout faites vos choix! Et si quelqu'un a un outil d'aide à la décision (avec des petits ronds rouge et verts) je serai ravi de le connaitre!

A bientôt!

@dr_Agibus



 

lundi 19 décembre 2016

Dragi Webdo n°120: Bénéfices/risques des inhibiteurs de DPP-4, statines forte dose efficaces sur la mortalité, contraception et diabète, ménorragies

Bonjour et bonnes vacances pour ceux qui vont en profiter cette semaine. Bon courage à ceux qui travaillent encore! Quand envisager des soins palliatif est une question parfois difficile. Une étude a posé la question "surprise": "Seriez vous surpris si ce patient décédait dans les 12 prochains mois?" Si la réponse est oui, pensez à ce qui pourrait être entrepris. Sur ce, place aux actualités!


1/ Pharmacovigilance

Les informations pour arriver au nouveau monde mette vraisemblablement du temps. Plusieurs années après le retrait des glitazones du marché français, la FDA vient de reconnaitre que ces molécules augmentaient le risque de cancer de vessie.

L'ANSM quant à elle, a annoncé qu'il n'y avait pas de sur-risque de cancer pancréatique avec les inhibiteurs de DPP-4 et analogues du GLP-1.


2/ Cardiovasculaire

Un nouvel article sur les statines a été publié dans le JAMA. En prévention secondaire, les statines de forte intensité (rosuvastatine 20 et atorvastatine 40 au moins) sont recommandées mais sans qu'aucune étude ne prouve leur efficacité (elles n'ont d'ailleurs pas l'AMM). Une étude de cohorte chez des patients ayant un antécédent de maladie cardiovasculaire a été menée. Elle retrouve que les patients traités sous forte statine forte dose vs statine modérée ont un risque de mortalité global diminué! (Hazard Ratio après ajustement : 0,91 , NNT: 250 patients à 1 an). Méthodologiquement ça se tient, bien que ce ne soit pas un essai contrôlé randomisé, les patients ont été ajustés sur un score de propension prenant en compte (entre autres) le cholestérol et les co-traitements, ce qui donne un résultat indépendant pour ces facteurs. Concernant les effets indésirables, seul la survenue de diabète est répertoriée, et étrangement, elle n'est pas supérieure en cas de statine forte dose... (c'est ce résultat non cohérent qui pourrait faire mettre en doute la validité des analyses) Enfin, cette étude semble indépendante de l'industrie pharmaceutique et les auteurs n'ont pas de lien d'intérêt. Voilà qui peut faire réfléchir sur  la prévention secondaire par statine...



Statines,  toujours: cette fois ci, dans le JAMA neurology. Les auteurs retrouvent dans une étude de cohorte que la prescription de statine est associée à un moindre risque de maladie d'Alzheimer. Le problème de ces grosses études sur registre, c'est qu'il est très facile de savoir si un patient est sous statine ou pas, mais beaucoup plus dur d'établir si un patient a une maladie d'Alzheimer... Les patients sous statine se voient peut être plus poser le diagnostic de démence "vasculaire" que Alzheimer... De plus, il s'agit d'une association et non d'une causalité, on préfère aussi conserver la qualité de vie des patients Alzheimer âgés en arrêtant des statines en prévention primaire, alors qu'on les poursuite chez les patients "en meilleure forme". Question c'est donc: prend-on moins bien en charge nos patients déments?


3/ Gynécologie

Un essai pragmatique a comparé l'efficacité des DIU au levonorgestrel versus les méthodes classiques dans la prise en charge des ménorragies. Les auteurs ne retrouvent pas de différence entre les groupes. Cependant, la mise en place de n'importe quel traitement améliorait significativement les symptômes et la qualité de vie des patients, qu'il s'agisse du DIU au levonorgestrel, de pilule oestro-progestative, de progestatif seul ou d'acide tranexamique.


4/ Diabétologie

Un article d'une grande importance pour commencer: une méta-analyse sur les inhibiteurs de DPP-4 de très bonne qualité vient d'être publiée. Les auteurs ont fait un funel plot montrant qu'il n'y a pas de biais de publication et ont finalement inclus une trentaine d'études. Ils retrouve une absence de bénéfice de mortalité globale, cardiovasculaire ou d'évènements cardiovasculaires parmi les presque 55 000 patients analysés. Cependant, il y avait significativement plus de pancréatites aigues et d'insuffisance cardiaque!
Cette méta-analyse a donc été effectuée 3 ans après celle que j'avais présenté ici et qui retrouvait un bénéfice en terme de prévention de mortalité totale et d'évènements cardiovasculaire. Il lui avait été reproché d'inclure des études de courte durée et de qualité médiocres, qui ont été exclues de la méta-analyse récente (qui au final, avec les études nouvelles a inclus quand même plus de patients). Malheureusement, il  n'y a pas eu d'analyse molécule par molécule pour voir si une se détachait néanmoins par rapport aux autres, car dans l'ancienne méta-analyse, la saxagliptine et vitagliptine portaient à elle seule les résultats cliniques retrouvés. Bref, peut être un bénéfice avec certaines molécules, mais pas de façon "globale" mais un risque quasi-certain de pancréatite et d'insuffisance cardiaque. (et je vais aller mettre à jour l'article sur le diabète de ce pas!)

Enfin, concernant la contraception des patients diabétiques, une étude de cohorte rétrospective a étudié la survenue d'évènements thrombo-embolique des patientes. Les auteurs retrouvent un moindre risque avec l'utilisation de DIU (6/1000 femmes) par rapport à 8 femmes / 1000 en cas de progestatif et 11 femmes /1000 en cas de contraception avec oestrogènes. Avant 35 ans, le risque thromboembolique est significativement plus élevé en cas de contraception hormonale, par rapport à une contraception non hormonale; après 35 ans, le risque d'un progestatif seul n'est plus significativement supérieur à celui d'une contraception non hormonale. Les auteurs concluent que malgré cette augmentation, le risque est minime et ne doit pas faire contre indiquer formellement les contraceptions hormonales aux patientes diabétiques.


Merci de votre fidélité, passez de bonnes fêtes et à bientôt!

@Dr_Agibus


dimanche 11 décembre 2016

Dragi Webdo n°119: intestin irritable (recos SNFGE), IPP et AVC, tabagisme faible et mortalité, mesure tensionnelle

Bonjour! Ce Dragi Webdo devrait être particulièrement à l'heure en étant publié le dimanche à une heure décente. En plus, il ne sera pas être très long aujourd'hui, alors place aux actualités!


1/ Pharmacovigilance

Un nouvel article sur les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) et leurs effets indésirables. Après les études suggérant l'augmentation du risque d'insuffisance rénale et de démences et du risque d’infarctus du myocarde, il semblerait que cet effet délétère cardiovasculaire se confirme avec une augmentation du risque d'AVC avec les doses élevées des différentes IPP. Ainsi, pour les patients sous aspirine en prévention cardiovaculaire, pour ne pas augmenter ce risque, pensez à conserver la dose minimale d'IPP!



2/ Cardiovasculaire

L'hypothèse la plus répandue est que les tensions systoliques en cabinet sont plus élevées qu'en ambulatoire. Une étude de Circulation a retrouvé le contraire! En effet, chez des patients non hypertendus et sans pathologie cardiovasculaire, les auteurs ont retrouvé des moyennes tensionnels en cabinet de 116/75 contre 123/77 en ambulatoire. Cependant, chez les plus de 65 ans ou en cas d'IMC >32,5, les tensions au cabinet étaient supérieures aux tensions ambulatoires. Les auteurs ont donc retrouvé 15% d'HTA masquée. Le gros, très gros biais de cette étude, c'est que les tensions au cabinet étaient mesurée de façon manuelle, alors que les mesures ambulatoires étaient faites de façon automatisées. Or, le technicien a tendance à sous évaluer la tension artérielle (ou comment une fois de plus faire dire tout et n'importe quoi à une étude). Conclusion de toutes façons (et ce n'est pas neuf), pour ne pas sous estimer l'HTA masquée ni l'HTA blouse blanche: faire des mesures ambulatoires!

Deux articles de cohortes maintenant. Le premier étudiait le risque de mortalité chez les fumeurs de moins de 10 cigarettes par jour. Les auteurs retrouvent que chez ces faibles consommateurs, le risque de cancer du poumon, de maladies respiratoires, d'évènements cardiovasculaires et la mortalité globale sont augmentées. Cet effet est même significativement retrouvé chez les patients fumant moins d'une cigarette par jour! L'article retrouve également que l'arrêt du tabac permet de réduire ces risques, et que plus l'arrêt du tabac se produit jeune, plus le bénéfice est grand. "Il n'y a pas de petit fumeur. Seulement des grandes conséquences" (j'aurai du me lancer dans les slogans...)

La seconde porte sur la consommation de noix. Les noix semblent en effets, bonne pour le coeur, ça avait déjà été retrouvé (ici). Cette nouvelle étude apporte des preuves supplémentaires, en retrouvant que chaque ingestion de 28g de noix par jour est associée à une diminution des risque de cancer de 15%, de maladie cardiovasculaire de 21%, et de mortalité globale de 22% (et aussi de maladie respiratoire, de diabète, de maladie neurodégénérative...). Et visiblement, un peu partout dans le monde, on ne mange pas assez de noix. On attend tout de même l'essai randomisé contre placebo de noix pour avoir une preuve causale forte!


3/ Gastro-entérologie

De nouvelles recommandations ont été publiées sur le syndrome d'intestin irritable (SII) par la société française de gastro-entérologie. Bien que la diagnostic soit clinique, un bilan est proposé:
- NFS, CRP, Anticorps anti Transglutaminase et TSH. (Le dosage de la TSH dans cette indication reste pas mal controversé à l'international). Par contre, l'absence du dosage de calprotectine fécale est un peu étonnante, car elle est recommandée par le NICE (cf ici) et est un très bon marqueur d'inflammation, aussi bien pour le cancer colorectal que pour les MICI (cf ici encore). Elle est seulement indiquée comme possible car non remboursée (mais je doute que ce soit en ne recommandant pas un examen utile qu'elle devienne remboursée un jour...) Pour les traitements, je retiendrais surtout l'importance de l'effet placebo dans cette pathologie.


4/ Infectiologie

Enfin, un article du JAMA a étudié l'immunogénicité du vaccin anti HPV à 9 valences (7 contre les cancer et 2 contre les condylomes). Les auteurs retrouvent que l'immunogénicité de 2 injections du vaccin n'est pas inférieure à 3 injections chez les garçons et filles vaccinées. Les principaux problèmes de cette étude, sont d'une part que cette immunogénicité a été évaluée à 4 semaines de la dernière dose: autant dire que sur du long termes ou même du moyen terme, on n'a pas de réponse, et d'autre part que l'efficacité d'un vaccin ne se résume pas uniquement au taux d'anticorps circulants.


Voilà pour cette semaine, je vous laisse reprendre vos activités normales! Mais n'oubliez pas qu'elles ont des conséquences bénéfiques ou négatives sur votre vie: si vous jouez à Pokémon Go vous augmenterez votre activité physique (ce qui peut être bénéfique pour votre santé), et si vous allez préparer votre semaine par un entretien pubien, cela peut augmenter votre risque d'infections sexuellement transmissibles! Sur ce, à la semaine prochaine!


@Dr_Agibus



lundi 5 décembre 2016

Dragi Webdo n°118: ABCscore (ACFA), lombalgie (reco NICE), marqueurs pronostic du diabète (DFG et copeptine), allergie pénicilline

Bonjour! C'est la dernière ligne droite avant la fin de l'année et un peu de repos pour ceux qui vont profiter des vacances pour se reposer. Alors, quel meilleur compte à rebours que le calendrier de l'Avent du BMJ, avec ses études plus exotiques les unes que les autres!


1/ Pharmacovigilance

Les allergies à la pénicilline ne sont pas rares dans les dossiers des patients. Cependant, on sait qu'elle sont bien plus rares que cela. Une étude a recherché chez des patients hospitalisés se disant allergique le nombre d'allergies réelles confirmées par des tests. Sur les 252 patients testés, 90,5% n'avaient en fait pas d'allergie à la pénicilline!


2/ Cardiovasculaire

Une article de Circulation va remettre en cause le score CHADSVASC dans la fibrillation auriculaire (FA). En effet, l'ABC stroke score, comprenant l'âge, les biomarqueurs (NT-proBNP et Troponine) et la clinique (l'antécédent d'AVC) , se révèle être sensiblement meilleur dans la prédiction du risque d'AVC chez les patients avec une FA. Une version ABC risk score avait déjà été validée pour le risque hémorragique en remplaçant l'antécédent d'AVC par antécédent de saignement.


3/ Infectiologie

D'après la Cochrane, le traitement des otites avec otorrhée sur tympan avec aérateur transtympanique (ATT) le plus efficace serait le traitement antibiotique local, par rapport au traitement antibiotique par voie générale. Cependant, ce résultat ne semble pas être forcément généralisable aux otorrhées chez les patients sans ATT, et peu d'études les ont étudiées. Si on pouvait se contenter d'antibiotiques locaux dans les otites moyennes perforées, on diminuerait pas mal la prescription d'antibio et le risque de résistance...


4/ Rhumatologie

Le NICE (sorte de HAS britannique) a publié des recommandations de prise en charge de la lombalgie. Il recommande l'utilisation du Start Back risk assessment tool pour différencier les lombalgie et lombosciatique légères à modérées des lombosciatiques modérées à sévères pouvant être à risque de pronostic fonctionnel négatif. Ensuite, s'en suis une liste longue de tout ce qui n'est pas recommandé (l'imagerie si elle ne change pas la prise en charge, ceinture lombaire, semelles, acuponcture, kiné si lombalgie légère, électrostimulation), et enfin ce qui est recommandé:
- l'activité la plus normale possible, éventuellement des thérapies cognitivo-comportementales
- les AINS a la dose minimale en première intention
- pas d'opiacé en première intention sauf contre indication aux AINS
- pas de paracetamol en monothérapie
- dans la lombalgie chronique: pas d'opiacé, pas d'antiépileptiques, pas d'antidépresseurs


5/ Urologie

Une méta analyse du BMJ a étudié l'efficacité des alpha-bloquants dans les coliques néphrétiques. Voilà plusieurs années que ces traitements semble être efficace. Cette méta analyse retrouve une augmentation de 50% de le passage des calculs, diminuant le délai d'expulsion de 3 jours, réduisant de plus de 50% les interventions chirurgicales. Et pourtant, suite à la remarque judicieuse de certains externes, les alpha-bloquants ne sont toujours pas nommés dans les Collèges de néphrologie ni d'urologie, alors qu'ils sont indiqués comme efficaces depuis 2009 par l'association française d'urologie pour des calculs de moins de 10mm. Laissons donc apprendre des données non à jour à nos futurs médecins...


6/ Endocrinologie

Pour commencer cette partie, je ne peux que vous renvoyer vers l'excellent billet de Perruche en Automne parlant du risque de mortalité selon le BMI: que l'on soit avec un IMC normal ou en surpoids, il faut avoir des facteurs de vie saine (jamais fumé, alimentation équilibrée, sport 30min par jour, consommation d'alcool modérée)

Passons à la diabétologie pour finir. On sais que l'HbA1C est un très mauvais critère intermédiaire pour prédire la mortalité des patients (sauf quand elle est supérieure à 8-9% mais elle reste imprécise...) Certains auteurs se sont lancé dans le dosage de la copeptine dont le taux élevé serait associé à une augmentation du risque d'insuffisance rénale terminale, d'infarctus et de mortalité globale. Mais, qu'est ce que la copeptine? C'est un précurseur de la vasopressine. Pour mémoire, l'enzyme de conversion entraine la formation d'angiotensine qui entraine une stimulation de synthèse de vasopressine. Donc, les diabétiques avec une moindre mortalité, sont ceux avec une copeptine basse: aidons les à baisser cette copeptine en bloquant la chaine par des IEC (ou des ARAII). Les auteurs ont probablement juste remis en évidence l’efficacité de ces traitements chez les diabétiques.

La même équipe française a publié en même temps une autre étude. Les auteurs ont retrouvé que le déclin rénal avec une baisse de DFG estimé de plus de 5ml/min par an était associée à une augmentation du risque d'évènement cardiovasculaire majeurs. Ainsi, un outil a été créé pour calculer la baisse moyenne de DFG estimé à partir de 5 mesures de créatininémie et ainsi voir si le patient est plus à risque.


Est ce qu'on peut voir se dessiner une nouvelle vision de la diabétologie? Les IEC étant le traitement médicamenteux clé du patient diabétique de type 2 (bien plus que les antidiabétiques...), la cible thérapeutique pourrait être une copeptine inférieure à un seuil et une stabilisation du DFG. En l'absence de ces condition, le traitement devrait être renforcé. Ou sinon, on met des IEC à dose max à tous les diabétiques, mais il y a alors un risque d'hypotension. Nous verrons bien ce que l'avenir nous réservera! A la semaine prochaine!


@Dr_Agibus